Les travailleurs de l'entreprise Eriad-Les moulins de Béchar sont en colère depuis plusieurs mois, à cause, disent-ils, des graves atteintes et des irrégularités portées au fonctionnement du syndicalisme représentatif crédible au sein de leur entreprise. A l'origine de leur fronde, l'expiration du mandat des membres du bureau syndical arrivé à terme le 14/02/2003 et le refus de le renouveler par la convocation d'une assemblée générale des travailleurs de la part de l'union locale UGTA. de wilaya en complicité avec la direction d'Eriad, affirment toujours ces travailleurs. Des copies d'une panoplie de documents retraçant la genèse du bras de fer engagé entre l'union syndicale locale et le collectif des travailleurs ont été remises à notre bureau. Dans un échange de correspondances entre les employés d'Eriad et l'organisation syndicale, il ressort effectivement que cette dernière, chargée d'organiser, de contrôler et de superviser les élections au sein d'Eriad-Les moulins, a délibérément violé les dispositions statuaires de la pratique syndicale par la non-application de l'article 86 du règlement intérieur de l'UGTA, relatif au renouvellement du conseil syndical élu tous les 3 ans. Courroux des travailleurs En plus, les ajournements des dirigeants syndicaux pour organiser des élections dans les délais prescrits par le règlement, ont encore accentué le courroux du collectif des travailleurs qui ont été surpris de recevoir une lettre de l'union UGTA locale annonçant la prolongation pour une durée de 6 mois, à compter du 1er mai 2003, du mandat expiré des membres sortants du bureau syndical de l'entreprise, en violation des clauses explicites régissant l'organisation et le fonctionnement du syndicalisme. Pour les salariés, cette prolongation illégale s'inscrit dans une logique d'imposer le fait accompli à l'ensemble des travailleurs, dans l'unique but, ajoutent-ils, de s'assurer la docilité et la sauvegarde des intérêts des membres sortants du bureau syndical avec la bénédiction déclarée de la direction d'Eriad. Les travailleurs ont saisi leur tutelle de Sidi Bel Abbès et les autorités locales pour dénoncer l'arbitraire et se disent mobilisés pour mettre en échec les intérêts inavoués qui lient la direction et les responsables syndicaux de l'union de wilaya au détriment des intérêts collectifs des agents producteurs de l'entreprise. Selon un document écrit, il ressort qu'un dirigeant de l'union syndicale de wilaya, acculé par des demandes pressantes des travailleurs à renouveler rapidement le bureaux syndical par des élections, a pris l'initiative de procéder à la falsification d'un procès-verbal de renouvellement du conseil syndical de l'entreprise Eriad, aussitôt dénoncé par la signature d'une liste nominative des travailleurs désavouant la manœuvre illégale et porté plainte, le 8 février 2004, auprès du parquet de Béchar, à l'encontre de l'auteur du faux et usage de faux. Pour les salariés du groupe Les moulins, la pratique syndicale a été déviée et les dispositions de la loi violées. Ils déplorent aussi l'absence de réaction, affirment-ils, de la part des responsables administratifs de leur tutelle de Sidi Bel Abbès et de la centrale syndicale UGTA, pour rappeler à l'ordre les dirigeants locaux de l'union de wilaya à se conformer aux textes et règlements intérieurs de l'UGTA et à éviter les compromissions locales. Licenciements abusifs « Aucun soutien n'est venu conforter notre position et reconnaître la justesse de nos revendications légitimes », indiquent ces travailleurs désabusés. Ils se disent toutefois mobilisés en vue de préserver les acquis sociaux malgré les abus de pouvoir qui seraient, selon eux, commis par la direction à l'encontre de certains de leurs collègues ayant subi des licenciements abusifs pour des motifs jugés non fondés. Pour étayer leur argumentaire, ils citent une situation qui a provoqué une chute libre de la production, à cause de la démobilisation des travailleurs, et un lourd endettement se chiffrant à plusieurs milliards vis-à-vis des partenaires d'Eriad de Béchar, (Saïda, Mascara, Ouled Mimoun, Sig,...), qui s'est soldé par le refus de ces derniers de livrer des produits finis à l'entreprise Eriad de Béchar avec, en perspective, le spectre des pénuries de farine et semoule qui plane à l'horizon, indiquent encore ces travailleurs au paroxysme de la colère.