L'usage du web se généralise chez les jeunes Algériens. En effet, ceux âgés de 13 à 24 ans se connectent régulièrement sur Internet et plus de la moitié opte pour une utilisation quasi-quotidienne. Au-delà de cette nouvelle donne, l'usage massif du web se traduit par des modifications importantes des modes de vie des jeunes générations. En effet, Internet transforme profondément leurs façons de communiquer ou de nouer des relations sociales, leurs pratiques culturelles, leurs loisirs et plus largement leurs comportements de consommation. Les garçons et filles ont des perceptions et des pratiques quelque peu différentes. Les filles, pratiquant davantage le chatting (discussion en ligne), sont moins nombreuses à croire qu'Internet améliore la communication entre les gens et restent plus que les garçons attachées au livre et à la bibliothèque. Les garçons sont, de leurs côtés, plus optimistes quant aux capacités d'Internet d'améliorer la communication. Ils font des jeux vidéo en ligne leur principale activité. A Alger, les cybercafés ne désemplissent pas. Même tard dans la nuit, il reste encore quelques irréductibles pour pianoter. Les jeunes disent utiliser Internet avant tout pour se distraire. Ils l'associent à un moment de détente. Pour eux, il s'agit purement d'un loisir (musique, cinéma) ou d'une activité perçue comme plus ludique que scolaire. D'ailleurs, l'usage exclusivement scolaire est très minoritaire. « Pour en savoir plus sur les conflits sociaux et les résultats sportifs du week- end, je consulte, souvent sur Yahoo, des sites d'infos de quelques journaux algériens (El Watan, Liberté, La Tribune) », dit Amar, (18 ans). Pour Adel (16 ans), un bon site est celui où il y a notamment « beaucoup de photos ». Certains Algériens ont adopté Internet et ont pu créer leur propre blog. Une femme d'une trentaine d'années l'a fait pour exprimer « les états d'âme d'une algérienne, pas si mal dans ses pompes ». Elle met en ligne divers sujets tels que des reportages sur l'Egypte, Conakry ou Tikjda. Elles sont autant de fenêtres sur le monde et les préoccupations de la société algérienne, prise en tenaille entre tradition et modernité. Elle reçoit régulièrement des commentaires d'internautes qui réagissent à ses réflexions. Elle répond à son tour tantôt avec une pointe de sérieux et tantôt avec un humour corrosif. Elle a même mis en ligne des sujets qui dérangent, tels que la fidélité en amitié ou en amour et les embouteillages dans les rues d'Alger. Lorsqu'il ne s'agit pas purement d'un surf aléatoire mené au hasard, les visites de sites ressemblent davantage à un « petit tour » dans des lieux connus, où l'on passe pour voir s'il y a quelque chose de neuf, plutôt qu'à une découverte d'horizons nouveaux.