Révision de l'article 87 bis du code du travail, mesure salutaire ? Pas tant que cela, répondent les syndicats autonomes. Car même si l'abrogation de cet article fait partie des revendications récurrentes de certains contestataires du front social, les réactions sont mitigées à la veille de la tenue de la 16e tripartite gouvernement-patronat-UGTA. Et si cette mesure est censée se répercuter sur les personnes payées au SNMG – corps communs de la Fonction publique, travailleurs manufacturiers et ouvriers professionnels, etc. – cette frange de la population active est plus que sceptique quant à ses retombées réelles. «Pour nous, cela ne va absolument rien changer. Nos préoccupations sont tout autres et les révisions doivent être bien plus profondes que la suppression de cet article», commente Ali Behari, président du bureau national du Syndicat national des corps communs et des ouvriers professionnels de l'éducation nationale (SNCCOPEN). «Ce qu'il faut, c'est une révision des statuts et des régimes indemnitaires afin qu'une quelconque incidence financière puisse être ressentie par les travailleurs des corps communs et autres», estime M. Behari, dont le syndicat observe aujourd'hui une journée de grève afin de revendiquer de meilleures conditions socioéconomiques. «Dans notre branche, un employé qui cumule 33 ans de service ne touche pas plus de 33 000 DA, avec un salaire de base de 15 000 DA. Pour les ouvriers professionnels, il varie entre 8000 et 9000 DA», énumère-t-il. «Mesures populistes et électoralistes» «Je ne pense pas qu'une augmentation de quelque 3000 ou 4000 DA fera qu'un père de famille pourra faire vivre ses trois enfants plus dignement», décrète-t-il, concluant : «C'est de la poudre aux yeux, une simple manœuvre pour attirer les électeurs.» Et ils sont d'ailleurs nombreux à pointer du doigt le «populisme» et les «visées électoralistes» de ces annonces à répétition. Le patron de l'UGTA avait récemment annoncé l'abrogation de l'article 87 bis du code du travail, faisant écho à de nombreuses autres sorties médiatiques similaires, notamment de la part du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh. Trois groupes de travail avaient été installés en 2011 pour l'examen de ce dossier, dont les résultats seront étudiés aujourd'hui. «Pourtant, le ministre des Finances du même gouvernement a récemment affirmé que l'on ne pouvait pas revoir l'article 87 bis, au risque de provoquer le déséquilibre financier de l'Etat. Comment prendre au sérieux un Exécutif aussi léger et si contradictoire ?», s'interroge Khaled Keddad, porte-parole de l'Intersyndicale de la santé publique. Raison pour laquelle, selon lui, cette annonce intervient dans un contexte et un agenda politique empreints de populisme et de mesures électoralistes. Les syndicats autonomes dénoncent leur exclusion Et si l'UGTA applaudira, sans coup férir, à l'issue de cette tripartite, les syndicats autonomes seront ailleurs, eux. Un sit-in est ainsi prévu, aujourd'hui, devant la chefferie du gouvernement, afin de dénoncer «l'exclusion et la marginalisation» dont ils sont victimes. «Il y a, à travers tout le territoire national, 59 syndicats. Pourquoi est-ce qu'il n'est fait appel qu'à l'UGTA afin de défendre les intérêts des travailleurs algériens ?», s'indigne M. Keddad. «D'autant plus que sur le terrain, rare est la réelle représentativité de cette centrale syndicale», poursuit-il. «Afin de réussir le pacte social et économique, il est nécessaire de dialoguer avec l'ensemble des partenaires sociaux, quels qu'ils soient. Car ce qui tient lieu de tripartite n'est rien d'autre qu'un monologue», juge pour sa part Abderahmane Rabia, membre du bureau national du Snapap. «Sellal avait promis que les syndicats autonomes seraient invités à la tripartite, au moins en tant qu'observateurs. Et cela n'a pas été le cas», rappelle M. Keddad.