La perte d'influence de Doha au profit de Riyad avait déjà été illustrée par l'élection, en juillet dernier, d'un proche du royaume, Ahmad Jarba, à la tête de la Coalition nationale de l'opposition. Les monarchies du Golfe ne désespèrent toujours pas de parvenir à un changement de régime par la force en Syrie. L'Arabie Saoudite, qui tente depuis des mois de placer sous sa coupe les rebelles syriens, serait ainsi en pourparlers avec certains pays pour leur fournir des armes anti-aériennes et antichars capables d'inverser le rapport de forces sur le terrain. L'information est à prendre au sérieux, d'autant que lors d'une visite-éclair, la semaine dernière, dans le nord de la Syrie, le chef de la Coalition nationale de l'opposition, Ahmad Jarba, a promis aux rebelles que «des armes performantes vont bientôt arriver».Et il serait fort possible que l'Arabie Saoudite se procure ces armes auprès du Pakistan, qui fabrique sa propre version de ces systèmes sol-air à très courte portée (Anza, ndlr) et des armes antichars. A ce propos, des médias français citent des sources qui révèlent que le chef d'état-major de l'armée pakistanaise, le général Raheel Sharif, s'est rendu début février, dans la première visite de ce genre, en Arabie Saoudite où il a rencontré le prince héritier Salman ben AbdelAziz. Le prince Salmane, accompagné d'une importante délégation, s'est à son tour rendu la semaine dernière au Pakistan. Les rebelles affirment que des armes anti-aériennes et antichars leur permettraient de changer le rapport de forces sur le terrain, le régime disposant pour le moment de la suprématie aérienne et ayant recours au procédé particulièrement meurtrier de lancement, à partir d'hélicoptères de l'armée, de barils d'explosifs. Selon cette même source, la fourniture d'armes serait accompagnée de facilités de stockage en Jordanie. L'Arabie Saoudite jouit d'une forte influence sur le front sud, où elle coordonne son action avec la Jordanie, et a encouragé l'unification des combattants rebelles dans cette zone. Par contre, le Qatar et la Turquie sont chargés de la coordination avec les rebelles sur le front nord, frontalier de la Turquie.L'opposition syrienne assure que ce «partage en sphères d'influence» a été décidé par ces pays, qui sont les principaux soutiens de l'opposition, tout en reconnaissant que les divergences entre Doha et Riyad «affaiblissent» les rebelles. La perte d'influence de Doha au profit de Riyad avait déjà été illustrée par l'élection, en juillet dernier, d'un proche du royaume, Ahmad Jarba, à la tête de la Coalition nationale de l'opposition. Elle est aujourd'hui consacrée par la mise à l'écart du chef du Conseil militaire suprême (CMS), qui chapeaute l'Armée syrienne libre (ASL), le général Selim Idriss, et ce, le 17 février. Selon l'opposition, le principal reproche fait au général Idriss est «la mauvaise distribution des armes» ainsi que «des erreurs dans les combats». Le général Idriss, considéré comme proche du Qatar et qui a refusé son limogeage, a été remplacé par le général de brigade Abdel Ilah Al Bachir, chef du conseil militaire rebelle pour la région de Quneitra, dans le sud de la Syrie. En somme, nous assistons à une guerre dans la guerre. Une guerre que le Qatar est vraisemblablement en passe de perdre.