Face aux enjeux économiques du monde actuel, l'intelligence économique est indispensable au développement de l'entreprise. Malheureusement, nos entreprises ne sont pas encore bien armées d'outils nécessaires face à ce grand défi du 21e siècle. Les experts-comptables ont donc un rôle à jouer pour encourager son développement aussi bien dans les grandes entreprises que dans les PME. L'intelligence économique ne s'applique pas uniquement à tous les secteurs de la vie économique. Elle se décline dans les domaines humanitaire, culturel, social, sportif, juridique ou encore comptable et financier. L'intelligence économique est une démarche qui permet de mieux comprendre l'environnement concurrentiel dans lequel on évolue. En d'autres termes, «c'est le dispositif par lequel tout acteur économique assure la maîtrise et la protection de l'information essentielle pour ses activités». Un tel dispositif doit être équilibré entre deux dimensions : offensive et défensive. D'un côté, il s'agit de rechercher, traiter et exploiter l'information utile, et de l'autre il s'agit de la protéger dans un environnement très fortement concurrentiel. Cette démarche d'intelligence économique consiste à lutter contre les contrefaçons, soutien à l'innovation, accompagnement des mutations économiques, développement technologique, développement à l'international, défense de la propriété intellectuelle, normalisation… Cependant, les actions d'intelligence économique ne doivent pas être conduites en ordre dispersé. Cette démarche doit s'appuyer sur une structure centrale, avec un programme préalablement élaboré et une structure de coordination interministérielle. Au titre de la défense de ses intérêts économiques essentiels, l'Etat se doit d'assurer la protection et la défense des entreprises et notamment de celles qui contribuent au patrimoine technologique industriel national. Sur le plan offensif des recherches doivent être faites sur des sujets d'intérêts stratégiques tels que par exemple le rôle de la spéculation financière sur les matières premières, faire des analyses comparées des politiques publiques mises en œuvre par plusieurs pays sur certains secteurs dont les évolutions ont eu des conséquences fortes en matière d'emploi. L'intelligence économique n'est pas réservée aux grandes entreprises. Chaque entreprise, quels que soient sa taille, son domaine d'activité, ses marchés doit connaître son environnement concurrentiel. C'est en ayant identifié les produits et services lancés, voire en cours de développement (ayant par exemple fait l'objet de dépôts de brevets), que l'on peut concentrer ses moyens sur des produits et services compétitifs. L'intelligence économique permet cela en éclairant la stratégie de l'entreprise. Avant de chercher l'information, l'entreprise doit identifier ses besoins et arrêter une méthode de collecte et de traitement de cette information adaptée à ses moyens (effectif, système informatique...). Ensuite, il lui faut valider l'information, l'analyser, la formater et la diffuser. Parallèlement, il sera important de maîtriser la communication et de protéger le savoir-faire. Une telle approche n'est pas hors de portée d'une PME. Tout repose sur la détermination des dirigeants à s'engager dans une démarche volontariste. Impliquant, en fin de compte, l'ensemble de l'entreprise.Les experts-comptables se sont naturellement positionnés sur l'intelligence comptable et financière. Nous nous sommes placés du point de vue du chef d'entreprise (fabricant de richesses et créateur d'emplois), mais également des tiers (banquiers, organismes sociaux, finances publiques, salariés...). Si l'on se place du point de vue du chef d'entreprise, notre objectif sera dans le cadre du volet défensif de l'intelligence économique de réduire l'incertitude liée aux risques auxquels les entreprises sont soumises. Pour cela, on peut imaginer à partir du plan de comptes un certain nombre d'alertes professionnelles et d'actions à entreprendre afin de sécuriser les entreprises. Dans le cadre du volet offensif, il s'agira de saisir les opportunités de développement à partir d'une veille intelligente d'informations. Si l'on se place du point de vue des tiers, les experts-comptables devront identifier les facteurs de vulnérabilité qui ressortent des comptes annuels. Le plan de comptes, applicable à toutes les entreprises pour enregistrer les opérations comptables, ne doit plus être appréhendé comme un outil statique mais comme un outil de veille intelligent, autrement dit comme un outil opérationnel d'abord et décisionnel ensuite. Les experts-comptables doivent faire un travail qui va permettre de mettre en place une cartographie des risques adaptée aux caractéristiques de l'entreprise (secteur d'activité, taille, mode d'organisation…), ceci afin de créer des alertes professionnelles vont permettre de mettre en œuvre des actions d'intelligence économique en réponse aux risques identifiés. A titre d'exemple, les experts-comptables peuvent être en mesure de faire une analyse critique du compte «assurances» en fonction de la nature des risques couverts. Ils peuvent également mettre en regard ce même compte soit avec d'autres données du plan de comptes telles que le montant des actifs à protéger, soit avec une analyse des risques tant commerciaux qu'industriels ou financiers, ils vont analyser les flux physiques et financiers qui vont devenir en tant que tels une base d'informations intelligente. Autre exemple, les experts-comptables peuvent également être amenés à faire une analyse dynamique de la paie et des charges sociales. Pour ce faire, ils mettront en place des outils permettant d'extraire des informations à caractère économique et stratégique (alerte pour la transmission de l'entreprise à partir de l'âge du dirigeant, simulation de retraite et mise en place de dispositifs par capitalisation qui participent à la fidélisation et au développement d'un dialogue social). Les experts-comptables doivent apporter leur contribution aux tiers, notamment dans le cadre de la bonne appréhension de la fragilité d'une entreprise, par exemple à travers une éventuelle insuffisance de sa capitalisation au regard de sa stratégie de développement et de ses investissements en recherche et développement, ou encore à travers une dépendance à l'égard d'un tiers. Ces informations sont stratégiques dès lors que les concurrents et les tiers que sont les investisseurs peuvent pour certains être dans une stratégie de prédateur.