Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) a accueilli, pour la première fois, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), aile radicale de l'Islam français. Au détriment du recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubekeur, Fouad Alaoui, le secrétaire générale de l'UOIF, est accueilli sous des huées à son arrivée, jeudi soir, au siège du CRIF. Des dizaines de militants de la Ligue de défense juive criaient « Alaoui, facho, nazi, terroriste, soutien du Hamas (palestinien) ». Fouad Alaoui fait la sourde oreille. C'est la première fois que le CRIF accueillait l'UOIF, considérée comme la tendance dure du Conseil français du culte musulman (CFCM) où elle est majoritaire. Jusqu'à présent, le principal interlocuteur du CRIF était le recteur de la Mosquée de Paris et président du CFCM, Dalil Boubakeur. Une mise à l'écart qui n'a pas été du goût de tout le monde. L'objectif de cette rencontre était d'explorer les moyens pour mieux « vivre ensemble ». Après une heure et demie d'entretien, Fouad Alaoui et Roger Cukierman se sont adressés séparément à la presse. Aucun communiqué commun n'a été publié au terme de la rencontre, comme de coutume. « J'ai demandé au CRIF de ne pas pointer l'index à chaque acte antisémite comme étant d'origine musulmane. Les musulmans de France n'ont aucune réticence face aux juifs de France, nos religions n'ont pas été créées par Dieu pour qu'il y ait des troubles sociaux », note le secrétaire général de l'UOIF. De son côté, Bernard Kanovitch, le président de la commission du CRIF pour les relations avec l'Islam, se montre satisfait de cette nouvelle rencontre : « Nous avons commencé un travail sérieux qui consiste à aider à l'intégration des musulmans dans la communauté nationale mais nous avons aussi exposé les difficultés dont non seulement la communauté juive pâtit mais aussi la communauté nationale. Nous avons demandé à veiller aux enseignements que les imams donnent dans les mosquées. Ils s'y sont engagés. » La première critique est venue du Consistoire de Paris. « L'UOIF étant plutôt une mouvance religieuse, son interlocuteur normal devrait être les consistoires », s'irrite Moïse Cohen, président du Consistoire de Paris. En clair, c'est au consistoire, organe du culte, de rencontrer l'UOIF, et non à celui du CRIF, organe politique de la communauté juive. Pour sa part, la Mosquée de Paris observe le plus grand mutisme, comme non concernée.