A l'université Abbès Laghrour de Khenchela, la violence est devenue un phénomène inquiétant. La semaine dernière, des étudiants ont semé la terreur au niveau des campus, suite à un différend entre deux étudiants qui a dégénéré en agression, puis en bataille rangée entre adversaires parmi les étudiants issus de deux tribus rivales. Pour avoir plus d'informations sur ces faits gravissimes, nous nous sommes déplacés à l'université en question, où nous avons recueilli les témoignages de quelques étudiants. A l'origine de ce déchaînement de violence, nous dit-on, un différend entre deux étudiants en droit, l'un originaire de la commune de Chechar, S. A., et l'autre, B.A., de celle d'Ouled Rechache, qui faisaient la chaîne pour le service du dîner au restaurant de la résidence de garçons du 19 Mai 1955, dans la commune d'El Hamma, à 5 km de Khenchela. Chacun donc revendiquait la place de l'autre dans la chaîne et le conflit a dégénéré en bagarre. Très vite, la «solidarité tribale» s'est enclenchée. Une vraie bataille a eu lieu, faisant des dizaines de blessés, dont plusieurs gravement atteints, évacués en urgence à l'hôpital de Khenchela, sans compter la détérioration du matériel du restaurant. L'intervention des agents des services de sécurité a permis difficilement de rétablir l'ordre. Le lendemain, les choses ont pris une autre tournure après l'intervention d'autres personnes de la commune de Chechar, qui voulaient venger les leurs ; ils s'affronteront à coups de massue et d'arme blanche dans l'enceinte même de l'université. Après ces faits honteux, les autorités locales ont procédé à la réconciliation par le biais des sages des deux communes. «Ce drame qui a secoué notre université ne s'arrêtera pas là ; la violence ne fera qu'empirer au vu des mentalités et de l'esprit tribal qui prévaut», s'inquiète Amel, étudiante en 3e année de droit. Mohamed, étudiant en 2e année de langues, s'interroge, quant à lui, sur le rôle des agents de sécurité face à ce genre de situation. Un sociologue nous a donné son avis sur ces faits : «L'université devrait être le lieu le plus sécurisé et le plus paisible de par son rôle de formatrice de cadres et d'élites. Malheureusement la situation à l'université de Khenchela s'est détériorée par une rare violence sous toutes ses formes : racket, agressions physiques et verbales, menaces, bagarres à l'arme blanche... Les causes de cette violence des jeunes au sein de l'université ont de multiples raisons, surtout le phénomène des querelles tribales, très répandues dans la wilaya de Khenchela.» Pour rappel, une rixe entre étudiants originaires l'un d'El Mehmel et l'autre de Aïn Touila a eu lieu le 1er mars 2012 dans l'enceinte de l'université, avait dégénéré en bataille rangée avec usage d'armes blanches. Plusieurs autres actes de violence graves ont été enregistrés dans la même université ces dernières années.