Depuis la fin de l'année 2012, les perturbations pour la distribution du lait sont quotidiennes, alors qu'auparavant, elles étaient périodiques», a déclaré, hier à Alger lors d'une conférence, le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCCA, aile Benabid), Hadj Tahar Boulenouar. En outre, poursuit-il, «des distributeurs constatant la réduction de la production de lait ne veulent plus desservir certains quartiers». L'intervenant affirme : «L'Algérie produit en lait cru environ 700 millions de litres par an. Les besoins nationaux sont de 3,5 milliards de litres.» De ce fait, selon Boulenouar, «seulement 20% du lait cru sont produits en Algérie. Le reste dépend des importations, pour un montant de 1,5 milliard de dollars». Et d'ajouter : «Il existe dans le pays 400 000 vaches laitières. Mais il faudrait au moins un million de bêtes pour garantir une autosuffisance.» En guise de solution, il a été proposé une révision de la politique des subventions. Car les premiers bénéficiaires ne sont pas les consommateurs, mais «les fournisseurs étrangers, les trafiquants et les barons de la contrebande», estime l'UGCCA. De même, «la spéculation concerne particulièrement les produits subventionnés, et qui sont, dans des cas, détournés au profit des industries de transformation». L'UGCCA suggère de donner des primes aux familles selon le revenu, au lieu de subventionner les produits. Pour l'expert économique et en développement agricole, Akli Moussouni : «Le premier problème à résoudre est l'insuffisance fourragère.» «Il faudrait assurer l'alimentation au cheptel. Nous avons des étendues de terres dans le Sud algérien. L'Algérie dispose de nappes phréatiques et albiennes considérables. Il faudra irriguer ces terres. Les capacités fourragères sont immenses», propose-t-il. En revanche, selon M. Moussouni, «l'Etat doit accompagner les investissements dans ces régions et assurer l'accès en ouvrant des pistes». Pour sa part, le président du comité interprofessionnel du lait, Mourad Bouzekrini, affirme : «L'Algérie ne dispose ni de la matière première ni de l'industrie pour alimenter un million de bébés dans l'année, et ce, à raison de 100 g par jour et par enfant. Il faudra donc mobiliser environ 35 millions de boîtes, coûtant 400 DA l'unité, soit 360 millions d'euros en moyenne.» Quant au sachet de lait, «les besoins sont fixés à environ trois milliards de litres, soit 350 000 tonnes de poudre, pour un montant de 170 000 DA la tonne. La somme des importations se chiffre à 600 millions d'euros.» Ce qui incite M. Bouzekrini à penser qu'«il se posera à court et à moyen termes, un énorme problème de sécurité alimentaire et de finances publiques si aucune disposition efficace n'est engagée pour exploiter les potentialités agronomiques du pays».