Dans sa quête de renouveler le bail de Abdelaziz Bouteflika au palais d'El Mouradia, le pouvoir joue son va-tout. En plus de l'exploitation des moyens de l'Etat pour faire une campagne avant terme, l'équipe de Abdelmalek Sellal multiplie les promesses d'une Algérie en or, celle qui n'a pu être concrétisée durant quinze ans de règne. Dans les laboratoires du pouvoir bouteflékien, des idées aussi fantaisistes que rocambolesques sortent. A commencer par cette dernière trouvaille de Abdelmadjid Tebboune. Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville vient en effet d'imaginer une formule de logements destinée aux émigrés. C'est l'histoire de l'homme nu qui, au lieu de réclamer des vêtements, demande des bagues pour ses doigts. Alors qu'il est incapable de loger les dizaines de milliers d'Algériens qui vivent dans des conditions indignes, le gouvernement cherche à subventionner des appartements pour la communauté nationale établie à l'étranger. Pourtant, les Algériens établis notamment en France ont souvent réclamé beaucoup plus de dignité que des aides matérielles. Mais toutes les promesses mènent vers le 17 avril, quitte à tout oublier le lendemain. Toujours dans le chapitre logement, Abdelmadjid Tebboune, rappelé au gouvernement dix ans après en avoir été écarté, joue de nouveau le pompier. Il met entre parenthèses toutes les formules qui sont devenues des slogans du système. L'homme revient à la solution AADL qui a pourtant montré ses limites. Pis encore, M. Tebboune promet l'impensable : loger des dizaines de milliers de personnes d'ici à une année. Un exploit jamais réalisé même par les pays qui disposent de gros moyens de réalisation. D'anciennes revendications «satisfaites» Habitué aux blagues de tout acabit, Abdelmalek Sellal vient de prendre deux décisions populistes. Lui qui a refusé de discuter autrement que par la matraque avec les gardes communaux promet à présent de tout régler d'ici la fin de ce mois. Alors que ces oubliés de la République joignent leurs voix aux opposants au 4e mandant, ils voient leurs anciennes revendications satisfaites. Une retraite alignée sur celle des militaires, des salaires respectables et réintégration des employés écartés deviennent vite des acquis. Pourtant, ce sont les mêmes revendications que ce corps portait durant l'été 2012. Mais à cette époque, il n'y avait ni 4e mandat ni autre échéance électorale. A l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, un message du chef de l'Etat fait une promesse inattendue. Il «instruit le gouvernement de préparer les mécanismes nécessaires» pour la création d'un fonds destiné aux femmes divorcées. Là aussi, il est difficile de ne pas faire un lien avec le scrutin présidentiel, surtout que le problème est posé depuis de nombreuses années déjà. Annoncées depuis plusieurs mois, les «mesures destinées au soutien à la production nationale» et la suppression de l'article 87 bis du code du travail ressemblent plutôt à une chimère. Toutes les décisions entrant dans ce cadre sont reportées sine die. L'amendement porté au code du travail, qui devra permettre de relever les bas salaires, est repoussé à 2015, tandis que la décision concernant le retour du crédit à la consommation ne va pas être prise de sitôt. La première réunion préparatoire s'est tenue il y a deux jours, alors que la liste des produits concernés n'est toujours pas été établie. Une farce de plus. à l'année prochaine ! Pour boucler la boucle, l'Agence nationale de l'emploi a annoncé, hier, «le placement de 350 000 jeunes chômeurs» pour l'année en cours. Une promesse qui rappelle les chiffres donnés en 2010 concernant le nombre d'emplois créés. Le chiffre dépassait celui des chômeurs ! Un pur mensonge. Les enseignants ne sont pas en reste. Le ministère de l'Education nationale vient de publier le tableau explicatif des augmentations salariales accordées à cette catégorie qui a observé une grève de plus de trois semaines. Toutes ses promesses s'ajoutent aux milliards de dinars distribués par le Premier ministre aux 48 wilayas visitées dans le cadre de la pré-campagne électorale, une pratique devenue la marque de fabrique de Abdelaziz Bouteflika depuis son arrivée au pouvoir en 2009. L'attribution de ces dépenses, qui ne seront jamais consommées, ne figure dans aucune loi de finances et échappe au contrôle parlementaire. Cela se passe à un moment où tous les économistes sérieux, y compris les plus proches du pouvoir, tirent la sonnette d'alarme sur les risques que peuvent provoquer au pays ces folles dépenses du gouvernement. Mais l'avenir du pays ne semble pas être le premier des soucis de l'équipe à Bouteflika.