Le docteur Kheddache craint que ces perturbations ruinent tout ce qui a été fait depuis l'année 2010 pour épanouir la médecine physique dans cet établissement. L'établissement hospitalier spécialisé en rééducation et réadaptation fonctionnelle (EHS), sis à Il Maten (Fenaïa, El Kseur), connaît ces derniers mois une crise sans précédent. Un climat de travail délétère, caractérisé notamment par la suspicion, s'est installé au sein de la structure. Un conflit opposant le directeur de la santé et de la population (DSP) de la wilaya de Béjaïa à celui de l'hôpital régional spécialisé d'Il Maten semble atteindre le point de non-retour. «Toutes les relations professionnelles sont désormais rompues», assène M. Benbouzid, le DSP de Béjaïa. Le directeur de l'EHS d'Il Maten, M. Sid Mohand Arezki, estime quant à lui que «le DSP de Béjaïa avait personnalisé le problème.» Tout a commencé lorsque des praticiens spécialistes en médecine physique et en réadaptation, au nombre de quatre sur les six que compte l'établissement, qui reprochaient à leur chef «une gestion unilatérale, un manque de communication et l'abus de pouvoir», demandent au directeur de l'EHS «le changement imminent du médecin chef de service». Ce que le responsable de l'hôpital déclina jugeant que le chef de service par intérim, Dr Sihem Kheddache, «est habilité à organiser, gérer et contrôler l'activité technique médicale, paramédicale et kinésithérapeutique». Les médecins spécialistes contestataires décident alors d'observer une journée d'arrêt de travail le 31 décembre de l'année écoulée. Un débrayage qui leur a coûté des sanctions de la part du directeur de l'hôpital. La DSP s'implique en recommandant par courrier, adressé au directeur de l'EHS, l'annulation des sanctions et les retenues sur salaires. «Le directeur a sanctionné les médecins gravement alors qu'il est difficile d'avoir des spécialistes. Il a appliqué la réglementation à la lettre sans prendre en sidération la spécificité du problème et la conjoncture actuelle», nous explique le DSP, faisant allusion à l'approche des élections présidentielles. Deux directeurs pour un seul hôpital Suite à un préavis de grève, annoncée lors de la dernière visite du ministre de tutelle dans la wilaya de Béjaïa puis annulée avant ladite date de protestation le DSP a mis le directeur de l'EHS d'Il Maten en congé spécial le 03 février passé et l'a fait remplacer par un intérimaire «dans le but de calmer les esprits mais il s'entête depuis à demeurer dans l'établissement», nous dit M. Benbouzid. La direction de la santé et de la population aurait fait pression sur les employés de l'hôpital de Fenaïa pour qu'ils travaillent avec le nouveau directeur, installé à la salle des réunions, et aurait bloqué pendant quelques temps le courrier de M. Sid Mohand Arezki, qui a fini par interdire l'accès à l'hôpital pour son remplaçant. «Si je dois partir, il faut que ça soit conforme à la loi», lance M. Sid Mohand Arezki, rappelant que «le mouvement de ses médecins spécialistes vise à cacher les griefs pour lesquels ils se sont réprimandés par leur chef». Et d'énumérer : «la sous activité des deux unités où ils exercent, le renvoi sans motif valable des malades, l'octroi des rendez-vous lointains en dépit de leur faible rendement, le non respect de la hiérarchie et insubordination caractérisée, le refus de formation et pleins d'autres anomalies qui peuvent nuire à la réputation de l'établissement.» De son côté, Dr Kheddache, médecin chef par intérim, dénonce «la DSP qui encourage l'anarchie au sein de l'EHS d'Il Maten.» «La direction de la santé aide et protège des hors la lois (médecins spécialistes contestataires, ndlr) sous prétexte de l'apaisement social à l'approche des élections (…) La DSP ne s'intéresse qu'au personnel qui se plaint ou s'attaque au directeur de l'EHS même irrégulièrement», écrit le chef de service dans une requête envoyé au ministre de la santé, la population et la réforme hospitalière. Le docteur Kheddache craint que ces perturbations ruinent tout ce qui a été fait depuis l'année 2010 pour épanouir la médecine physique dans cet établissement. Et elle n'est pas la seule. Les travailleurs de l'hôpital, avec qui nous nous sommes entretenus, prédisent un avenir incertain pour leur hôpital si jamais le directeur, M. Sid Mohand Arezki, était contraint à partir. «Depuis l'arrivée du directeur, en mai 2010, notre établissement a beaucoup changé. Dans le bon sens», fait remarquer un plombier chauffagiste de l'hôpital. Pour sa part, le président de la section syndicale du SNAPAP qui n'a signé aucun communiqué des médecins spécialistes contestataires, défend le bon travail du directeur. En nous montrant des anciennes photographies peu reluisantes des lieux, le syndicaliste signale que le développement harmonieux de l'établissement est dû au sérieux du directeur.