Défaillance n Faute de moyens dans les structures de santé publique, les personnes dépistées, notamment dans les écoles, ne sont pas prises en charge. En effet, depuis 2008, un dépistage systématique est organisé dans des établissements scolaires. Une instruction interministérielle (ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et celui de l'Education nationale) a été adressée à toutes les Directions de santé publique (DSP) des wilayas. Cette instruction s'inscrit dans le cadre de l'élaboration par le ministère de la Santé d'un programme de prise en charge de cette pathologie. Ainsi, un dépistage rigoureux de l'ensemble des enfants scolarisés de la 1re année primaire à la 3e année secondaire sera effectué en vue d'identifier tous les cas de scoliose, et un rapport précisant le nombre de cas de scoliose par classe pédagogique et par établissement public sera adressé mensuellement par les DSP à la direction de la prévention du ministère de la Santé. Seulement, le vrai problème, selon les spécialistes, réside dans la prise en charge de ces personnes dépistées. «L'offre de soins et de suivi est nettement en deçà des besoins de traitement sur tout le territoire national. A la question de connaître le moyen le plus approprié pour faire baisser cette prévalence et prévenir ces problèmes de scoliose, le Pr Houria Kaced explique : «On ne peut prévenir la scoliose puisqu'on n'en connaît pas la cause. Le meilleur moyen pour éviter les complications est d'établir un programme de dépistage précoce en milieu scolaire.» «C'est grâce au suivi et à la surveillance que nous pourrons identifier les scolioses évolutives et les traiter lorsque les moyens adéquats sont disponibles. Ainsi le recours à la chirurgie sera-t-il évité dans la majorité des cas», précise la chef de service de médecine physique et réadaptation EHS de Douéra et présidente de la Société algérienne de la médecine physique (Samer). «Les enfants qui présentent une scoliose idiopathique sont, en apparence, sains et rien ne permet de suspecter chez eux la déformation au début. C'est pour cela qu'il faut aller la rechercher en examinant les élèves dans les établissements scolaires.» Les spécialistes estiment que les moyens nécessaires pour le traitement et la prise en charge de cette maladie n'existent pas. Le professeur Kaced tient à alerter que notre système de santé est loin d'être parfait : «Nous savons tous que notre système de santé comporte des insuffisances, mais ce type de prise en charge fait intervenir, de manière indirecte, des secteurs autres que celui de la santé.» Selon elle, dépister ne suffit pas, il faut aussi prendre en charge les personnes dépistées. Par ailleurs, le Pr Meziane Amenouche, chef de service de l'établissement spécialisé d'Azur-Plage, a affirmé lors du Congrès de la médecine physique et réadaptation fonctionnelle, que la scoliose est un problème de santé publique qu'il faudra prendre en charge depuis sa découverte jusqu'à l'âge d'adulte, relevant l'importance du dépistage de cette maladie - qu'il qualifie de «dangereuse» - en milieu scolaire. «S'il est pris en charge très tôt, l'enfant peut guérir et nous pouvons obtenir des résultats très positifs, mais s'il est pris en charge tardivement, la guérison sera très difficile», a-t-il conclu.