Les Palestiniens ont brisé lundi une espèce de cercle dans lequel Israël croyait pouvoir les enfermer après avoir vidé les négociations de leur substance. Pas question, viennent-ils d'affirmer, de reconnaître Israël comme Etat juif. En ce sens, on remarquera que cette décision, envisagée par le leader palestinien Mahmoud Abbas, a été prise non pas par les autorités palestiniennes telles que connues depuis 1993, mais par le mouvement Fatah qui a jusque-là guidé et incarné la résistance palestinienne. Ou encore une telle décision a été prise alors que le dirigeant palestinien doit être reçu le 17 mars par le président américain, Barack Obama. Ainsi donc, le Conseil révolutionnaire du Fatah a approuvé par acclamation, lundi soir, son refus de reconnaître Israël comme Etat juif, comme le demandaient les dirigeants israéliens dans une nouvelle tentative de réécrire les termes de la négociation, dévoilant ainsi leur intransigeance. M. Abbas a assuré qu'à «l'âge de 79 ans, il n'allait pas céder sur les droits de son peuple ni trahir sa cause». D'ailleurs, aucun Palestinien, même parmi les plus farouches opposants au processus de paix, ne se serait hasardé à le qualifier de traître. Tout juste lui reprochait-on sa trop grande patience, alors même qu'Israël taillait en pièces le processus de paix. Ou encore comme le soulignait un ancien négociateur palestinien en décembre 2013 à propos des Israéliens qui «veulent substituer à une occupation par la force une occupation sur invitation, avec notre signature. Cela n'arrivera jamais», concluant que les négociations «ne mèneraient nulle part». Un avis largement partagé, y compris par les dirigeants palestiniens qui ont engagé d'autres actions, comme le recours à l'ONU. «Malgré les grandes pressions exercées sur nous, nous ne pouvons pas accepter cela », a prévenu le président palestinien, ajoutant qu'il avait salué le soutien apporté dimanche par les ministres arabes des Affaires étrangères à cette position. Une constante qu'il convient de relever, car pour les Palestiniens, il n'est pas question de se renier ou de renoncer à leurs droits nationaux, plus précisément l'un d'entre eux. Il s'agit du droit au retour des Palestiniens dépossédés de leurs terres lors de l'invasion de 1948 au lendemain de la proclamation de l'Etat d'Israël, et poussés à l'exil. C'est l'une des conditions posées dans l'agenda de tout processus de paix et acceptées, y compris par Israël dès 1991, les autres points étant le retour aux frontières de juin 1967, la fin de l'occupation d'El Qods, et la libération des prisonniers palestiniens. Rien de plus que ce que stipule la légalité internationale à travers les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité des Nations unies. Faisant au contraire preuve d'esprit d'ouverture quant à l'application de ces textes considérés depuis toujours comme la base de toute négociation de paix, les Palestiniens s'y montrent par contre intransigeants. C'est pourquoi, ils fixent un seuil en deçà duquel ils refusent toute discussion. Le 21 février dernier, ils faisaient savoir que les idées présentées par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, au président Mahmoud Abbas à Paris, étaient «inacceptables » et ne pouvaient «pas servir de base à un accord-cadre» avec Israël, «car elles ne tiennent pas compte des droits légitimes du peuple palestinien». Aucune percée n'a été enregistrée, alors qu'approche l'échéance des négociations de paix fin avril. Si par conséquent, les délégations israélienne et palestinienne ne s'étant pas officiellement rencontrées depuis plusieurs mois, la raison en est connue. Israël s'oppose à la paix.