Des milliers de gardes communaux sont sortis hier dans les rues de plusieurs wilayas du pays pour exiger la régularisation de leur situation pour certains, et pour d'autres le départ du système, et dire non au 4e mandat de Bouteflika. Des rassemblements et des marches ont été organisés. «Ceux qui ont pris langue avec le Premier ministre ne représentent pas la base. La coordination de la garde communale a ses propres délégués. Ce n'est pas un député de la wilaya de Annaba qui va nous arranger un dialogue avec le gouvernement pour des fins électoralistes», a lancé hier Aliouat Lahlou lors d'un rassemblement à Bouira. Il dénonce par la même occasion les manipulations du pouvoir qui vise à diviser le mouvement, surtout après que les gardes communaux ont affiché leur opposition à la candidature de Bouteflika pour un 4e mandat. Hier, des échauffourées ont éclaté entre les manifestants à propos de la position prise par la coordination qui a appelé au rejet de l'élection présidentielle de 17 avril prochain et au départ du système. A Constantine, devant un imposant dispositif sécuritaire et encerclés par des dizaines d'agents de la police, les gardes communaux de la wilaya ont tenu un grand rassemblement à la place Colonel Amirouche, plus connue par la place de la Pyramide, après avoir été empêchés d'observer un sit-in devant le cabinet du wali, situé 100 m plus loin. Dans un communiqué, dont nous détenons une copie, les protestataires dénoncent les manœuvres du ministre de l'Intérieur, après «la convocation d'une délégation au siège du ministère le 9 mars pour signer une liste de revendications au nom des gardes communaux». Ainsi, les manifestants ont affirmé hier que «ces gens», choisis par le ministère de l'Intérieur, ne peuvent en aucune manière représenter les gardes communaux, et que les manœuvres de Tayeb Belaïz visent à écarter la coordination nationale, dirigée par Hakim Chouaïb, accréditée par les commissions de wilaya, seule habilitée légitimement à parler et négocier en leur nom avec le ministère de tutelle. Il est rappelé dans le même document que les gardes communaux de la wilaya de Constantine se démarquent de toutes les déclarations reprises par certains journaux sur «une opposition au 4e mandat», affirmant que leur coordination est un mouvement apolitique, indépendant, non partisan et ne dépend d'aucune organisation, quel que soit son caractère. Par ailleurs, plus de 200 anciens gardes communaux de la wilaya de Boumerdès ont répondu à l'appel lancé par leurs représentants pour exiger «la reconnaissance de leur combat». Les protestataires ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya au cours duquel ils ont dénoncé «toutes les tentatives de récupération de leur mouvement et l'exploitation de leur cause à des fins autres que celles pour lesquelles nous luttons depuis plusieurs années». Les concernés accusent «certaines parties du gouvernement d'avoir usé de subterfuges et préparé des plans afin de politiser et tirer profit de leur affaire». Les rédacteurs du communiqué se désengagent même «des déclarations erronées et personnelles», au sujet de la position de la garde communale vis-à-vis du 4e mandat de Bouteflika. «Nous ne soutenons personne et ne nous opposons à personne», a indiqué M. Bournissa, délégué des concernés au niveau local. A Chlef également, un sit-in a été organisé par près de 200 gardes communaux qui ont réitéré que leurs revendications sont «purement sociales et professionnelles», et qu'ils ne lancent pas de mots d'ordre liés à la présidentielle.