L'expert américain Richard Falk refuse de se taire car, ne cesse-t-il de rappeler, ce serait se faire le complice d'un crime contre l'humanité.Il s'agit de la politique israélienne et de la situation que vivent les millions de Palestiniens devant ce que lui-même qualifie, depuis fort longtemps, de «silence assourdissant des gouvernants mondiaux et de l'ONU» dont il est expert indépendant. Ce qui, rappelle-t-il, «est encore pire que la propagande belliciste d'Israël». Si pour certains, cet éminent universitaire fait preuve de témérité, pour beaucoup d'autres, ce n'est rien d'autre que l'honnêteté intellectuelle qui l'amène à décrire ou rapporter les choses telles qu'elles sont, mais surtout à ne pas se taire devant autant d'injustices sans que quiconque puisse le qualifier d'antisémite et le condamner au silence, parce qu'il est juif. Des accusations qui amènent Richard Falk à conclure que cette politique présente les caractéristiques de l'«apartheid» et du «nettoyage ethnique», rappelant une résolution adoptée par le système des Nations unies assimilant le sionisme à une forme d'apartheid, et qu'Israël a voulu annuler. «La réalité sur le terrain s'aggrave aussi bien du point de vue du droit international que du point de vue du peuple palestinien», vient-il de relever. Il a notamment accusé Israël «d'efforts systématiques et continus pour changer la composition ethnique de Jérusalem-Est», de «recours excessif à la force», de «punition collective» à Ghaza, de destruction d'habitations et de construire de plus en plus de colonies. «Il y a une discrimination systématique sur la base de l'identité ethnique, avec l'objectif de changer la démographie de Jérusalem», a-t-il affirmé, appelant cela une forme de «nettoyage ethnique». Depuis 1996, plus de 11 000 Palestiniens ont perdu leur droit de vivre à Jérusalem, a souligné M. Falk. «Ce que nous appelons occupation est maintenant de plus en plus compris comme une forme d'annexion, une base pour un apartheid dans le sens où il y a un double système légal discriminatoire», a ajouté M. Falk. Des propos d'une extrême gravité, mais qui révèlent la nature d'Israël qui s'applique à vider les processus de paix, il est vrai très peu nombreux, de leur substance, en s'opposant à l'exigence internationale de solution à deux Etats, car fondée sur les résolutions des Nations unies, et même à un Etat, c'est-à-dire dans le cadre israélien. Autant alors dire rien, sinon une espèce de cadre proche des bantoustans sud-africains, ces homelands de sinistre réputation propres à maintenir des populations entières sous domination étrangère. Et cela, constate cet éminent professeur, le système onusien étant alors bâillonné et tenu éloigné de toute tractation. Elle ne peut, en tout état de cause, cautionner une injustice. C'est pourquoi l'expert Richard Falk s'en remet encore au système onusien, affirmant en cela que la Cour internationale de justice (CIJ) devrait examiner le statut légal de cette occupation prolongée par Israël des territoires palestiniens et a rappelé que cette cour avait en 2004 déclaré illégale la construction de la barrière par Israël isolant ces territoires occupés en 1967, ce qui n'a pas empêché l'Etat hébreu de poursuivre ses travaux. Selon des estimations, 85% du mur se trouve en Cisjordanie et jusqu'à présent plus de 60% des 708 kilomètres planifiés ont été construits. Il a aussi révélé que «plus de 11 000 Palestiniens ont perdu leur droit de vivre à Jérusalem (El Qods) depuis 1996 à cause de règles imposées par Israël». Et d'ajouter que «des milliers de prisonniers politiques palestiniens, dont des enfants, sont enfermés dans les prisons israéliennes» et que «beaucoup d'entre eux sont soumis à de mauvais traitements et à la torture». Comment, dans de telles conditions, briser le mur du silence et rendre justice au peuple palestinien ?