Le président socialiste affronte depuis le 4 février une vague de protestation contre sa gestion, portant notamment sur l'insécurité, l'inflation, les pénuries et la répression policière des manifestations. Persuadé que les troubles qui agitent son pays depuis 6 semaines sont le résultat d'un complot destiné à le renverser, le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a fait arrêter, lundi soir, trois généraux. Ces officiers supérieurs sont accusés de «tentative de coup d'Etat». M. Maduro accuse régulièrement l'opposition de planifier des putschs contre son gouvernement, avec le soutien des Etats-Unis, dont il a expulsé plusieurs diplomates. «Nous avons arrêté (…) trois généraux de l'armée de l'air qui faisaient l'objet d'une enquête (...), trois généraux qui prétendaient se soulever contre un gouvernement légitimement constitué», a-t-il affirmé à Caracas. Le président socialiste, qui affronte depuis le 4 février une vague de protestation contre sa gestion, portant notamment sur l'insécurité, l'inflation et les pénuries, a fait savoir que ces militaires «ont des liens directs avec certains secteurs de l'opposition». Dialogue pour mettre fin aux hostilités Les trois hommes ont été présentés devant un tribunal militaire, selon le président Maduro ajoutant que «la tentative de coup d'Etat» avait été découverte grâce «à la conscience d'officiers» venus «dénoncer un appel» à prendre les armes. «Ce groupe arrêté (...) disait que cette semaine serait décisive (...). C'est une guerre psychologique», a dénoncé le successeur de Hugo Chavez. Aucun détail n'a été fourni sur l'identité ni les fonctions des trois généraux. Nicolas Maduro s'exprimait devant les ministres des Affaires étrangères de l'Union des nations sud-américaines (Unasur) réunis avec l'objectif de faciliter un dialogue entre le pouvoir et la société vénézuélienne pour mettre fin aux troubles ayant fait officiellement 34 morts et plus de 400 blessés. « Nous espérons que nous pourrons tirer des conclusions qui aideront le Venezuela à renforcer la paix et notre peuple à consolider tous les mécanismes de dialogue politico-social», a déclaré le président vénézuélien, avant la réunion à huis clos. Ce dialogue auquel appelle M. Maduro a-t-il réellement des chances de réussir ? Les attaques continuelles du gouvernement contre une opposition par ailleurs déchirée entre modérés et radicaux laissent, pour le moment, sceptique concernant la suite des événements. Le mouvement étudiant refuse également de s'asseoir à la table des négociations tant que durera la répression. Depuis février, le pouvoir a déjà fait arrêter le fondateur d'un parti politique, Leopoldo Lopez (Volonté Populaire, droite), deux maires, Daniel Ceballos (San Cristobal, ouest) et Enzo Scarano (San Diego, nord), et obtenu la destitution d'une députée d'opposition, Maria Corina Machado. La solution ? Une issue à la crise que vit le Venezuela serait «une médiation neutre», jugent des analystes occidentaux. Le gouvernement vénézuélien sera-t-il disposé à accepter une grille de lecture des événements concoctée ailleurs ? Difficile à dire aussi. Le président Maduro — qui garde visiblement à l'esprit le coup d'Etat mené contre Hugo Chavez en avril 2002 par des militaires soutenus par le monde des affaires et certains secteurs de l'opposition — se méfie pour l'heure de tout.