« Nous avons arrêté trois généraux de l'Armée de l'air qui faisaient l'objet d'une enquête. Trois généraux qui prétendaient se soulever contre un gouvernement légitimement constitué » déclare le président Nicolas Maduro devant les ministres des Affaires étrangères de l'Union des nations sud-américaines qu'il a réunis pour tenter de lancer un dialogue avec le reste de la société vénézuélienne et mettre fin à la protesta et à la violence (34 morts et 400 blessés). Et de préciser : « La tentative de coup d'Etat » a été découverte grâce « à la conscience d'officiers » venus « dénoncer un appel » à prendre les armes. « Ce groupe a des liens directs avec des secteurs de l'opposition. Il disait que cette semaine serait la semaine décisive (...) C'est une guerre psychologique », dénonce le successeur du charismatique Hugo Chavez, décédé en mars 2013, appelant le peuple à faire front au « fascisme ». « Rien ne nous écartera du chemin de la patrie et de la voie de la démocratie », leur dit-il. Selon Caracas, les trois généraux ont été présentés devant un tribunal militaire. Le gouvernement, qui a ordonné l'arrestation de Leopoldo Lopez, le fondateur de « Volonté populaire », un parti de droite, et de deux maires, Daniel Ceballos (San Cristobal, ouest) et Enzo Scarano (San Diego, nord) n'exclut pas de procéder à d'autres interpellations et destitution de mandat. Comme il l'a fait pour Maria Corina Machado, une députée d'opposition pour « trahison ». « En s'exprimant en fin de semaine dernière devant l'Organisation des Etats américains, au Panama, elle a violé la Constitution vénézuélienne qui interdit aux élus de s'exprimer pour le compte d'un pays étranger », explique Diosdado Cabello, le président de l'Assemblée nationale. « Elle peut être arrêtée à tout moment », prévient-il. « Je suis députée aussi longtemps que le peuple le voudra », dit-elle. L'opposition, qui a perdu la présidentielle d'avril 2013 par une différence de 1,59% et les municipales de décembre 2013 qui se sont transformées en plébiscite pour le pouvoir, 76% des mairies (256) contre 23% (76) pour toute l'opposition, aurait-elle, voyant la perspective d'une reconquête du pouvoir par les urnes s'éloigner, décidé à reproduire le schéma d'avril 2002 ? Un coup d'Etat mené par des militaires soutenus par le monde des affaires et certains secteurs de l'opposition a temporairement renversé le président Chavez revenu au pouvoir sous la pression populaire quelques heures plus tard. Leopoldo López, qui a participé au coup d'Etat d'avril 2002, a lancé, en janvier dernier, un appel à un soulèvement général à partir du 2 février 2014. Maria Corina Machado a lancé, quant à elle, un appel à la rupture de l'ordre constitutionnel : « Certains disent que nous devons attendre les élections dans quelques années. Est-ce que ceux qui n'arrivent pas à alimenter leurs enfants peuvent attendre ? Est-ce que les fonctionnaires, les paysans, les commerçants, à qui on ôte leur droit au travail et à la propriété peuvent attendre ? Le Venezuela ne peut plus attendre », dit-elle, ignorant que l'opposition, qui contrôle quasiment le commerce, organise des pénuries artificielles. Plus de 50.000 tonnes d'aliments ont été saisies par les autorités depuis le début de l'année.