Déjà que la facture pour immigrer au Québec est salée pour bon nombre de nos concitoyens vu la faiblesse de notre monnaie nationale, il en coûtera désormais encore plus cher à tous ceux qui préparent un dossier d'immigration pour s'installer dans la Belle Province. Selon les estimations du ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration, ces hausses rapporteront 4 millions de dollars canadiens de plus l'an prochain. D'après la nouvelle grille de tarification, publiée il y a quelques jours, les coûts liés au traitement des demandes de certaines catégories d'immigration permanente et temporaire ont grimpé de 30 à 75%. Les entrepreneurs et les travailleurs autonomes, qui devaient accompagner leur demande de certificat de sélection d'un chèque de 700 $ pour eux, en plus de 100 $ pour chaque membre de leur famille, devront désormais débourser 950 $ pour eux, plus 150 $ pour chacun des membres de leur famille. Pour ce qui est de la catégorie des travailleurs qualifiés, les frais passent de 300 à 390 $ pour le demandeur principal et de 100 à 150 $ pour les membres de la famille. La facture grimpe de 75 $ pour les travailleurs temporaires qui doivent envoyer un chèque de 175 $ avec leur demande de certificat d'acceptation. Les immigrants investisseurs, quant à eux, continuent de payer 3850 $, alors que les étudiants payent toujours 100 $ pour l'examen de leur dossier. Les postulants à l'immigration doivent s'acquitter aussi de la facture qu'Ottawa (le gouvernement fédéral) leur présente. A l'heure actuelle, un immigrant indépendant se fait imposer des tarifs à la fois par Ottawa, pour recevoir un visa, et par le Québec, pour obtenir un certificat de sélection. En raison de cette double tarification, il en coûte donc plus cher d'immigrer au Québec que partout ailleurs au Canada. Par exemple, un travailleur qualifié doit verser 1050 $ à Ottawa pour lui-même et une somme de 150 $ ou de 550 $ pour chaque membre de sa famille selon son âge (plus ou moins de 22 ans). Le Québec facture de son côté 390 $ au même travailleur et 150 $ pour tout membre de sa famille. Dans les milieux de l'immigration, ces hausses ont été mal accueillies. En témoignent les propos d'un responsable, œuvrant dans le milieu de l'immigration et des réfugiés, rapportés hier par un journal montréalais. « Ça fait des années qu'on déplore le fait que, pour le même service, les immigrants indépendants sont facturés deux fois quand ils immigrent au Québec, contrairement à ceux qui s'installent ailleurs au Canada. Et maintenant, on augmente les frais qu'on leur impose. Ce n'est pas justifiable. Ils font tous les deux la même chose. Ils traitent le même dossier et ils imposent des frais chacun de leur côté », a affirmé Stéphane Reichold le directeur de la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, lors d'un entretien au journal Le Devoir. Le ministère se défend de vouloir renflouer ses caisses sur le dos des postulants à l'immigration. Les activités de sélection des immigrants coûtent plus de 60 millions de dollars par année. Le ministère verse environ 34 millions pour financer ces activités, alors que les ressortissants étrangers paient quelque 25 millions par le biais des droits perçus pour le traitement de leur dossier. La facture refilée aux immigrants passera donc à environ 29 millions de dollars. Cette double tarification et ces tarifs élevés nuiront-ils au recrutement d'immigrants au Québec ? Il reste que la Belle Province est toujours décidée à recruter et à accueillir davantage d'immigrants pour répondre aux besoins de main-d'œuvre qualifiée. En 2003, 39 500 ressortissants étrangers ont été accueillis au Québec et on veut en accueillir 44 400 immigrants en 2005, 46 000 en 2006 et 48 000 en 2007.