Le Canada est de loin le premier pays au monde qui accueille en masse les candidats algériens à l'immigration. En effet, le nombre de nos concitoyens, aujourd'hui installés sur les terres de la 2e puissance d'Amérique du Nord, tourne autour de 40 000. Diplômés dans leur écrasante majorité de l'enseignement supérieur, (médecins, ingénieurs, biologistes ou informaticiens), ils se concentrent dans la région francophone du Québec. En famille surtout, ces Algériens ont choisi ce vaste pays pour les nombreuses facilités qu'il accorde aux immigrants : un niveau de vie nettement meilleur que celui du pays d'origine, un système scolaire des plus performants sans compter les nombreux avantages sociaux dont le Canada est l'un des rares pays à offrir. Si la plupart de nos expatriés ont choisi les canaux officiels pour immigrer au Canada, d'autres préfèrent solliciter les services des intermédiaires. « C'est pour faire vite », expliquent-ils, précisant qu'ils sont prêts à vendre tout ce qu'ils possèdent en Algérie. La facture est de toute évidence salée, pouvant atteindre les 60 millions de centimes. Une fortune qui atterrit dans les tiroirs-caisses des « avocats » spécialisés dans l'immigration au Canada comme honoraires pour services rendus. Les « services rendus » sont les démarches que l'avocat est censé faire auprès du gouvernement canadien afin d'obtenir le fameux sésame à ses clients. Ceux-ci, s'ils ont la chance d'être retenus, voient leur dossier aboutir après plusieurs années d'attente. D'autres, plus nombreux, ne voient rien venir, après avoir formulé la demande il y a près de 5 ans. L'un d'entre eux, A. L., dans le but de s'installer au Canada avec sa femme et ses 3 enfants, s'est adressé à un « cabinet d'avocat québécois », représenté à Alger par une entreprise de...négoce. Il attend depuis le 5 novembre 2001, mais ne voit toujours pas le bout du tunnel. « Lorsque je me suis présenté pour la première fois, on m'a signifié que j'étais éligible et que mon dossier aboutira au bout d'une année au maximum. Partant de cela, je n'hésitais pas à m'acquitter de toute somme que l'on me réclamait. Hormis les dinars, j'ai remis à l'avocat en question 1780 euros et 2700 dollars canadiens par virement CPA, soit 40 millions de centimes en monnaie nationale. Je suis saigné à blanc. Le problème est que si j'abandonne, je ne serai pas remboursé », indique, dépité, A. L. La clause du « non-remboursement » a été, en effet, appliquée à cette dame, T. C., dont une copie du dossier est en notre possession. En voulant se retirer, après un versement de 2000 dollars canadiens, Mme T. C. reçoit un courrier qui dit en substance : « Ainsi à votre demande, nous procédons à la fermeture de votre dossier pour cause de désistement. Nous vous rappelons que tel que stipulé dans la convention d'honoraires, dans un tel cas, la clause de remboursement n'est pas applicable. » « Inutile de dire qu'il s'agit là d'une véritable arnaque, en ce sens que le candidat est en mesure de juger si l'attente a été trop longue et avoir ainsi pleinement la liberté de se désister », tonne une autre « victime ». S'étant constituée en collectif, ces derniers ont saisi la justice contre le « cabinet d'avocat » en question. Un avocat dont l'enseigne est accrochée au premier étage d'un immeuble d'Alger-Centre, mais qui n'est pas inscrit au barreau d'Alger. Le ministère canadien de l'Immigration conseille les candidats de s'adresser directement à ses services.