Il y a de ces quartiers où il ne fait pas bon vivre. L'exiguïté des habitations, ajoutée à un cadre de vie altéré, donne à l'existence, dans ces fractions oubliées de la ville, une caractéristique qui relève de l'exploit. Dans la capitale, les exemples qui illustrent cet état de fait ne manquent pas. La cité PLM dans la commune de Bourouba en est le modèle même. Le quartier est situé, comme aiment à le préciser les anciens, sur la rive droite de oued El Harrach, c'est-à-dire sur la rive la moins nantie, et ce, par opposition à la rive gauche, où le cadre de vie des habitants est significativement meilleur. Le quartier est un conglomérat d'habitations difformes et mal agencées. Accroché à un flanc de montagne telle une malformation sur un visage gracieux, les lots d'habitations sont entrecoupés par des rues, qui, à partir de la gare ferroviaire, serpentent la montagne et aboutissent toutes aux abords de la cité Bachdjarrah. Dans les entrailles du quartier, il n'y a point de commodités. Hormis les cafés qui grouillent de jeunes désœuvrés, aucune structure dédiée au bien-être des habitants n'a été réalisée. Ici, le temps semble s'être arrêté, on ne sait d'ailleurs pas à quelle période, tant les configurations urbaines s'entremêlent et embrouillent la vision. Tantôt on est face à des habitations récentes, de forme cubique, tantôt face à des habitations aux toitures faites de tuiles et vétustes, déclinant de surcroît une autre période et un autre âge. A la cité PLM, tout le monde s'occupe tant bien que mal. Les activités de la débrouille font bon ménage avec celles dites officielles. Elles sont le lot quotidien des jeunes du quartier, qui se livrent majoritairement au commerce de moindre cotation. Tout est vendable à la cité PLM. De la ferraille aux vieux habits, en passant par le tabac, les antennes, les téléphones mobiles et même les chiens. Les jeunes du quartier doivent gagner leur vie, quitte à quitter les bancs de l'école. Ici, les inégalités avec les autres quartiers de la capitale ne sont guère à démontrer. Sommés de gagner leur vie très tôt, des enfants quittent définitivement les rangs des établissements scolaires pour la «déllala». Ils peuvent grâce à cet espace commercial informel, subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. A l'heure où les pouvoirs publics se mettent au diapason d'une tendance qui veut à tout prix glorifier des réalisations parfois inutiles, ils dissimulent en même temps des vérités aussi claires que les rayons de soleil. Oui, vous êtes en train de réaliser la plus grande mosquée de…, oui vous avez réalisé le métro et le tramway, mais vous avez négligé des quartiers tel que PLM, lieu de naissance de la misère ! Un jour viendra où on va se rabattre sur la misère de ces quartiers pour en atténuer l'intensité, ce sera trop tard, la poudrière aura alors explosé.