Le projet de loi relative aux mesures d'encouragement et d'appui à la promotion de l'emploi a fait, hier, l'objet d'un débat à l'APN. Une séance plénière a été consacrée à la présentation par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, du projet en question. Une présentation suivie de l'intervention de près de 36 députés. Lors de son intervention, le représentant du gouvernement s'est réjoui quant à la réduction en Algérie du taux de chômage. De son avis, l'amélioration durable des indicateurs économiques et la reprise de la croissance amorcée depuis 1999 ont permis une sensible amélioration de la situation de l'emploi, qui s'est traduite par la baisse du taux de chômage, qui est passé de 29,3% en 1999 à 23,7% en 2003 et à 17,7% en 2004. Les données les plus récentes communiquées par l'ONS confirment, selon l'orateur, la poursuite de la tendance à la baisse du taux de chômage qui, d'après les résultats de « l'enquête emploi » de septembre 2005, se situe à 15,3%. Ce taux, a-t-il dit, sera ramené en 2009 à 10%. Le ministre a expliqué que l'amélioration de la situation de l'emploi est due à l'effort d'investissement déployé sur la période 2001-2004 à travers le programme de soutien à la relance économique. Un programme qui a favorisé l'achèvement de projets en souffrance et le lancement d'importants chantiers, notamment au niveau des secteurs du bâtiment, des travaux publics, de l'hydraulique et de l'agriculture, grands pourvoyeurs d'emploi. Ce dispositif vise à consolider les résultats enregistrés depuis ces cinq dernières années, et il constitue également une contribution à la réalisation des objectifs du programme 2005-2009. Il est prévu à cet effet, de manière directe, la création de 2 millions d'emplois, dont 1 million de postes permanents. Cela permettra de ramener, à l'horizon 2009, le taux de chômage sous la barre des 10% et de manière indirecte à la réalisation des autres composantes du programme présidentiel, plus particulièrement dans le domaine des grands chantiers de travaux publics et dans la réalisation du million de logements qui requiert une forte proportion de main-d'œuvre. Une politique de l'emploi Toutefois, le point qui a suscité le plus de débats est celui relatif à l'article 23 qui stipule qu'une subvention sur le budget de l'Etat est accordée annuellement à la Caisse nationale d'assurance chômage (CNAC) dans le cas où ses ressources financières de l'exercice ne permettent pas de couvrir la prise en charge des avantages prévus pas la présente loi. M. Louh a qualifié cette nouvelle disposition de première du genre en Algérie, puisqu'elle ne se trouve, selon lui, dans aucun texte (déjà en vigueur) ayant trait aux caisses nationales (sécurité sociale, retraite et assurance-chômage). « Cette nouvelle disposition est importante dans la mesure où l'Etat pourra prendre en charge les déficits de la Caisse nationale d'assurance-chômage (CNAC)et une fois adoptée elle pourra réduire le taux de chômage », a affirmé le ministre, tout en affirmant que le projet dans sa globalité intervient suite à une préoccupation exprimée, à maintes reprises, par les employeurs sur la nécessité d'une réduction des charges sociales afin de diminuer le coût de création de l'emploi. Lors des débats, certains députés ont critiqué le texte de loi en se demandant si l'Etat algérien possède une stratégie de l'emploi. Dans ce contexte, Djelloul Djoudi du PT a fait remarquer qu'actuellement il ne suffit pas de prévoir des outils juridiques pour régler le problème du chômage, mais il s'agit de revoir toute l'orientation économique du pays. « Cette orientation qui est basée sur la privatisation, l'emploi précaire est à l'origine du chômage en Algérie.Trouvez-vous normal qu'en 2004 l'Etat crée près de 584 000 emplois qui disparaissent l'année d'après. » Concernant l'article 23 du projet, M. Djoudi pense que « l'Etat n'a pas le droit de disposer comme il veut de l'argent des travailleurs. A notre sens, l'article 23 est en contradiction avec la loi 83 », explique M. Djoudi, qui regrette le fait qu'un cadre universitaire trouve difficilement un emploi décent. « Plusieurs diplômés travaillent dans le cadre de l'emploi de jeunes et ils touchent un salaire de 3000 DA, d'autres cadres universitaires touchent un salaire qui ne dépasse pas les 7000 DA, ceci est inconcevable », a lancé le représentant du PT. Par ailleurs, M. Boutouiga du RND s'est élevé contre l'article 23 et considère que l'Etat n'a pas le droit de prélever l'argent public au profit de la CNAC. « Si l'Etat veut verser de l'argent dans ces caisses, il n'a qu'à le puiser de la loi de finances. En plus, le ministre a cité dans son exposé certaines structures qui n'existent pas dans les zones éloignées. Nous dénonçons la politique du gouvernement qui prévoit des systèmes qui ne tiennent pas compte de la réalité du terrain... », dira-t-il. Un député du MSP s'est élevé contre la bureaucratie qui est à l'origine de tous les maux en Algérie. « Nous avons des textes de lois impeccables, nous n'avons rien à reprocher à nos lois, mais le réel problème se pose sur le terrain, l'administration ne joue nullement son rôle et pénalise les gens », a soutenu l'élu du MSP. Dans ses réponses, le ministre a souligné l'importance de ce dispositif qui prend en considération la nécessité de la préservation des équilibres financiers du système de sécurité sociale.