Reporters sans frontières (RSF) a vivement critiqué la situation de la presse et de la liberté d'expression en Algérie. Dans une lettre adressée au secrétaire d'Etat américain, John Kerry, RSF relève la détérioration des conditions de libre exercice de la presse et de la liberté d'information. «Reporters sans frontières souhaite vous faire part de ses inquiétudes relatives à la situation de la liberté de l'information en Algérie et vous demande de soulever cette question cruciale au cours de vos échanges avec votre homologue algérien, Ramtane Lamamra», souligne cette ONG. RSF rappelle, dans ce contexte, la position de l'Algérie dans le classement mondial de la liberté de la presse. «Le pays figure au 121e rang sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi pour 2014», précise-t-on. Une preuve supplémentaire du manque de liberté de la presse. RSF affirme avoir recensé, durant cette période électorale, un certain nombre d'interpellations de journalistes en marge des manifestations organisées en protestation à l'annonce de la volonté de Abdelaziz Bouteflika de briguer un quatrième mandat. L'ONG considère qu'il est plus qu'urgent que les autorités algériennes réforment en profondeur le secteur des médias en Algérie, en optant pour un véritable pluralisme de l'information, tant au niveau de la presse écrite que de l'audiovisuel. «Elles se doivent, poursuit cette organisation, de respecter les engagements constitutionnels et internationaux en matière de libertés fondamentales, notamment pour ce qui est de la liberté de l'information. Une campagne présidentielle sous tension.» «Des journalistes couvrant les manifestations qui ont suivi l'annonce de la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat, le 22 février dernier, ont très souvent été pris pour cibles par les forces de l'ordre», est-il dénoncé. «Ces attaques, estime RSF, s'inscrivent en porte-à-faux avec la résolution, adoptée le 28 mars 2014, par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies qui consacre l'importance du rôle des journalistes dans la couverture des manifestations et la nécessité pour les Etats de leur apporter la protection nécessaire.» RSF fait remarquer l'existence de nombreuses dispositions qui entravent de façon disproportionnée la liberté d'information, comme notamment l'article 112 «relatif au droit de réponse de toute personne physique ou morale» pour les «articles portant atteinte aux valeurs nationales et à l'intérêt national», l'article 123 sur «l'outrage aux chefs d'Etat étrangers», ou encore l'article 119 concernant la «publication de document portant atteinte au secret de l'enquête». «Il est donc facile pour l'Etat d'asphyxier économiquement les journaux au contenu critique. D'où les tentatives d'émancipation d'un certain nombre de médias. Mais les autorités disposent d'une arme redoutable : celle des redressements fiscaux. Cette épée de Damoclès peut tomber à tout moment sur les rédactions. Nécessité d'une réelle réforme législative», insiste cette organisation de défense de la liberté de la presse.