Le fait est que Sonatrach, qui lorgne actuellement du côté du marché asiatique où les prix du gaz sont 50% plus élevés et s'évertue à augmenter ses livraisons de gaz vers l'Extrême-Orient, demeure plus fiable que certains de ses concurrents. Le groupe énergétique italien, ENI, s'attend à une importante baisse du prix du gaz algérien qu'il achète dans le cadre de contrats à long terme. Selon l'agence Reuters, Marco Alvera, haut cadre d'ENI, a annoncé, mercredi au Sénat italien, s'attendre d'ici à la fin de l'année à «une réduction significative du prix du gaz algérien». Le groupe italien, qui avait conclu l'an dernier un accord pour la réduction des fournitures en gaz algérien, réussit ainsi à obtenir une énième concession de la part de Sonatrach, pourtant l'un des fournisseurs les plus importants du marché italien en gaz. Les propos du représentant d'ENI confirment ainsi l'étendue des pressions pesant sur le prix du gaz commercialisé sur le marché européen. D'ailleurs, le PDG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, estimait, il y a quelques mois, que la marge de manœuvre de la société nationale était très réduite en ce qui concerne le maintien des prix du gaz commercialisé dans le cadre des contrats à long terme. Ce dernier avait alors annoncé des négociations sur la révision du prix à la baisse avec ENI et Gas Natural Fenosa. Pourtant, à la lumière de l'évolution de la situation du marché européen, Sonatrach paraît aujourd'hui plus que jamais comme l'un des partenaires les plus fiables et les plus crédibles des consommateurs européens. Le fait est que la firme pétrolière et gazière algérienne, qui lorgne actuellement du côté du marché asiatique où les prix du gaz sont 50% plus élevés, s'évertuant à augmenter ses livraisons de gaz vers l'Extrême-Orient, demeure plus sérieuse que certains de ses concurrents. La multiplication des conflits entre la Russie et l'Ukraine et leur impact sur les exportations de gaz russe vers le marché européen semblent aussi peser de tout leurs poids sur l'évolution du marché, même de manière conjoncturelle. La dernière crise russo-ukrainienne et la hausse des prix de gaz russe livré à l'Ukraine fait ressurgir le spectre d'une interruption des fournitures de gaz vers le marché européen, comme ce fut le cas durant l'hiver 2009. Une inquiétude qui pousse les Européens à se pencher sur les alternatives éventuelles, l'Algérie se posant naturellement comme l'un des substituts viables au «grand ours blanc». Le Financial Times indique ainsi, dans sa livraison de jeudi, qu'en réponse à l'intervention Russe en Crimée, la commission européenne pense à élaborer, dans le cadre d'un second package de sanctions, des solutions pour «réduire la dépendance énergétique de l'UE envers la Russie». Des solutions qui pourraient être débattues lors du sommet européen prévu au mois de juin prochain. Des options qui comprennent bien entendu la Norvège et l'Algérie. Il reste ainsi aux Algériens de saisir l'opportunité, même si certaines difficultés logistiques demeurent, à l'image de la nécessaire amélioration de la connectivité du réseau de distribution européen avec les gazoducs algériens, laquelle pourrait permettre, selon le Financial Times, de remplacer à hauteur de 10% le gaz russe. Cependant, du côté algérien la situation inquiète. En cause, l'évolution de la situation politique en Algérie qui fait craindre des tensions. Il s'agit aussi de défis comme le sous-investissement ayant miné le secteur durant la dernière décennie et qui induit un déclin de la production d'hydrocarbures couplé à une accélération de la demande interne en produits énergétiques. Les livraisons de gaz auraient d'ailleurs chuté de 11% en 2013.Le département de Youcef Yousfi table sur une croissance de la production d'hydrocarbures de 13% durant les deux prochaines années pour atteindre 220 millions de tonnes équivalent pétrole. Un objectif à réaliser impérativement et dont dépendent non seulement la place de l'Algérie sur les marchés énergétiques internationaux mais aussi la viabilité des comptes publics.