La coopération entre la Russie et l'Europe dans le domaine du gaz a trouvé un début de solution grâce aux négociations qui ont cours entre le géant russe Gazprom et le groupe pétrolier italien ENI. Le ministre des Affaires étrangères italien, Massimo D'Alema, a révélé l'existence de pourparlers entre les deux compagnies sur un accord stratégique. Cet accord devrait permettre à l'ENI d'entrer dans l'amont en Russie et d'avoir accès aux réserves de gaz d'un côté et ouvrirait le marché italien, notamment celui du gaz, à Gazprom de l'autre. Les deux compagnies ont déjà entamé des discussions sur plusieurs projets. Un quotidien allemand a même avancé le nom d'un gisement géant de gaz situé en Sibérie (Ioujno-Rousskoie) et dans lequel l'ENI désire prendre une participation. Les deux compagnies discutent aussi le projet d'un gazoduc qui permettrait d'acheminer du gaz russe à travers la Turquie vers Israël, la Grèce et le sud de l'Italie. Le rapprochement entre Gazprom et l'ENI concrétise l'accord formel conclu au mois de juin à Moscou entre le président russe Poutine et le nouveau chef du gouvernement italien Romano Prodi. Les deux responsables avaient convenu d'entamer une nouvelle forme de coopération dans le secteur de l'énergie en s'ouvrant respectivement leurs marchés. Ainsi, l'ENI avait obtenu le droit de prendre des participations dans les gisements russes, tandis que Gazprom était autorisé à commercialiser son gaz directement sur le marché italien. Aux pays européens qui faisaient pression sur la Russie pour qu'elle ouvre davantage son secteur énergétique aux groupes pétroliers et gaziers européens, le président russe Poutine avait demandé la réciprocité dans l'ouverture des marchés gaziers européens aux entreprises russes dans la mesure où l'Europe n'avait pas de gisements d'hydrocarbures. Une vive polémique par médias interposés avait eu lieu récemment, une polémique qui avait pris un ton alarmiste suggérant que la Russie pouvait fermer le robinet du gaz à l'Europe en cas de conflit. Les discussions menées entre Gazprom et l'ENI ouvrent une nouvelle piste dans la coopération entre la Russie et l'Europe dans le domaine énergétique. Elles font reculer les craintes entretenues jusque-là. La Russie n'est pas la seule à connaître ce genre de problème qu'elle commence à résoudre avec l'Italie puisque Sonatrach vit les mêmes difficultés quand elle recherche des opportunités d'investissement dans l'aval à l'international. Si beaucoup de pays recherchent le gaz de Sonatrach ou bien la prise de participations dans les gisements algériens, ils sont moins enclins à ouvrir leurs marchés à la compagnie nationale. Jusqu'à présent, le seul marché où Sonatrach a pu prendre des réservations dans un terminal de regazéification est celui de la Grande-Bretagne avec 5 milliards de mètres cubes par an.