L'assistance présente lundi matin dans la salle Aberkane de Jijel a accueilli Louisa Hanoune en entonnant en chœur : «Joyeux anniversaire !» La candidate du Parti des travailleurs pour le poste de président de la République a en effet soufflé, en ce 7 avril, sa 60e bougie dans sa wilaya natale. Avant d'entamer son discours de campagne, elle a été invitée à découper le gâteau préparé à cet effet et d'en goûter un bout. Le meeting a été retardé d'une heure à cause d'un mouvement de protestation des citoyens de la localité de Chréa, dans la commune de Ziama Mansouriah, qui bloquaient la RN43 pour réclamer, entre autres, le transport scolaire. Pour son tour d'échauffement, Mme Hanoune commence par les péripéties endurées par sa famille dans la région de Bouderiel, mechta Acherar (commune de Bordj T'har), avec les bombardements de l'armée coloniale et la fuite vers d'autres horizons. Elle s'étonne de la violence qui continue de sévir dans la région en dépit des moyens de l'Etat. Acculant le parti unique, elle affirme que la wilaya de Jijel dispose de tous les atouts, précisant que «ce n'est pas par esprit régionaliste» qu'elle dit cela, avant d'appeler à désenclaver la wilaya et d'en changer le visage et celui des autres wilayas. Pour Mme Hanoune, être présidente, «c'est être celle de tous les Algériens, ça n'a pas de sens d'être celle d'une région». «Je suis venue vous demander de voter.» Et d'ajouter : «Il est temps d'en finir avec ce système du parti unique.» Bariza, comme la surnomment ses proches de la région, déclare encore : «Nous sommes à la croisée des chemins. Nous sommes ciblés pour nos ressources naturelles et notre souveraineté.» Une fois élue, elle promet de rouvrir en priorité le dossier des disparus et celui de toutes les victimes, y compris les appelés du service national, les prisonniers du Sud, les personnes ayant perdu leur emploi durant cette décennie de «la tragédie nationale» ainsi que les cas des femmes kidnappées. Appelant à un saut qualitatif à l'occasion du scrutin du 17 avril, Louisa Hanoune s'attaque aux réformes apportées dans l'enseignement supérieur à travers le système LMD, où «la qualité et le niveau se sont effondrés par rapport au système classique», et ce, «juste pour contenter l'Union européenne et les Etats-Unis». Elle aborde le cas des détenteurs de DEUA et des problèmes auxquels ils sont confrontés, notamment devant les règlements de la Fonction publique, avant de s'attaquer au secteur de la santé où «règne une anarchie totale», dit-elle. Elle promet ainsi d'arrêter l'importation de programmes et d'ouvrir le débat sur des réformes qui assureront le droit à l'éducation et à la santé. Louisa Hanoune s'attelle en suite à des attaques en règle contre le candidat Ali Benflis, prévenant les électeurs sur les privatisations, la flexibilité des contrats de travail, le déverrouillage de la règle des 51/49% dans le domaine des investissements et le bénéfice des étrangers. Elle rejette toute idée de transition et juge le pays menacé par «un candidat qui a donné des garanties aux étrangers». Elle a assuré qu'elle officialisera tamazight à côté de l'arabe. Et de préciser à ce sujet : «Le parler de Jijel comporte des mots berbères, arabes et même turcs.»