Louisa Hanoune a été la première femme candidate à la magistrature suprême en 2004, engagement qu'elle renouvellera en 2009 et à l'occasion de la présidentielle d'aujourd'hui. En ce 7 avril 2014, la campagne électorale pour la présidentielle entame sa troisième et ultime semaine au moment où la leader du Parti des travailleurs (PT), Mme Hanoune, souffle sa 60e bougie. Joyeux anniversaire madame ! La secrétaire générale du PT est sans conteste la femme algérienne la plus connue, à l'intérieur du pays et même à l'extérieur. Elle a le mérite d'avoir été la première candidate à la magistrature suprême en 2004, engagement qu'elle renouvellera en 2009 et à l'occasion de la présidentielle d'aujourd'hui. Louisa Hanoune comptabilise une longue carrière militante jalonnée de luttes et de sacrifices puisqu'elle a goûté aux lugubres cellules pénitentiaires durant le règne de Chadli Bendjedid. La dame de fer algérienne, comme aiment la désigner certains en faisant un parallèle avec le caractère de Margaret Thatcher en dépit de convictions diamétralement opposées, a été de tous les combats pour l'émancipation de la femme, particulièrement depuis la promulgation du code de la famille en 1984 et la consécration de la justice sociale et des libertés politiques. Elle a su s'imposer dans un monde politique largement dominé par un personnel masculin. Inconnue au début des années quatre-vingt-dix, la secrétaire générale du Parti des travailleurs a réussi, avec sa faconde, à capter l'oreille des téléspectateurs qui la découvrent dès l'avènement du pluralisme. Militante Louisa Hanoune est née le 7 avril 1954 à Bouderiel, relevant de la mechta d'Acherar, dans la commune de Bordj T'har (wilaya de Jijel), une région proche des quartiers du commandement de la Wilaya II historique. Sa famille a dû fuir les bombardements incessants de l'armée coloniale à la fin des années cinquante, d'abord pour Mila puis pour Constantine et Dréan, avant de s'installer à Annaba. A l'université où elle décroche une licence en droit, elle découvre la lutte politique en adhérant à l'Organisation socialiste des travailleurs (OST) clandestine. Ses activités militantes lui vaudront une arrestation au milieu des années quatre-vingts à Annaba pour les chefs d'accusation d'«association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l'Etat et distribution de tracts subversifs». Elle bénéficiera d'une grâce après six mois d'emprisonnement.Au lendemain des événements d'Octobre 1988, elle est une nouvelle fois arrêtée et incarcérée durant trois jours. Entre ses deux passages derrière les barreaux, elle a fondé, avec d'autres militantes, l'Association pour l'égalité devant la loi entre les femmes et les hommes et participé à la création de la première Ligue des droits de l'homme. A la tête du PT depuis mai 1990, suite à son élection comme porte-parole, la camarade Hanoune, taxée de trotskiste, apporte son soutien aux travailleurs et aux couches sociales les plus fragiles, rejette les privatisations et prône l'intervention de l'Etat pour préserver le pouvoir d'achat du citoyen. Fidèle aux idéaux de l'extrême gauche internationale, elle ne s'est pas limitée au combat national mais s'est aussi engagée dans la lutte contre l'impérialisme et la chape capitaliste en participant, à son échelle, dans la stratégie révolutionnaire mondiale. Partisane d'une solution politique à la grave crise des années quatre-vingt-dix, elle a participé et signé le contrat de Rome en 1995 sous les auspices de la communauté de Sant'Egidio. Elle a aussi été très tôt sensible au drame des familles de disparus qu'elle a pris sous son aile dans l'espoir de barrer la route aux parties qui voulaient internationaliser cette affaire. Réagissant tout récemment aux attaques contre l'armée et le DRS dans un éditorial de l'organe du parti, Fraternité, daté du 17 février 2014, Louisa Hanoune estime que «ces développements gravissimes menacent de somaliser notre pays» et se félicite de la levée de boucliers de la population, de la majorité de la presse, de plusieurs partis politiques et de l'UGTA. Elle conclura que c'est cet élan que le PT compte «renforcer à travers sa participation à la présidentielle afin que le peuple algérien puisse enfin exercer la plénitude de sa souveraineté et, par là même, préserver la nation». Ses bonnes relations avec le président de la République sont par ailleurs sujettes à controverse. On lui reproche, avec d'ailleurs certains leaders de l'opposition, d'avancer la menace sur la souveraineté et la stabilité à chaque fois que des ambitions citoyennes de liberté et de démocratie se font pressantes. Positions controversées Avec d'autres opposants, il lui est ainsi imputé l'avortement de mouvements de protestation initiés en 1997 et en 1999. On se rappelle de la protesta engagée à l'issue de l'annonce des résultats des législatives de 1997, entachées de fraude, ainsi que son silence inexpliqué au lendemain du retrait des six candidats à l'élection présidentielle de 1999. D'aucuns jugent que le pays souffre d'ailleurs jusqu'à ce jour de ce silence inexpliqué au lendemain des dernières joutes à candidat devenu unique, puisque toute la magnifique dynamique citoyenne créée dans le sillage de cette exceptionnelle campagne électorale a été laminée. L'autre reproche fait à la camarade «Bariza», comme la prénomment toujours ses proches de Bordj T'har, a trait à ses continuelles attaques à l'adresse des opposants, faisant dire à certains qu'elle passe son temps à taper sur les opposants au lieu de critiquer les tenants du pouvoir. Tout récemment, ses attaques contre d'autres candidats sont devenues agaçantes pour certains. On ne manque pas à cet effet de s'étonner du dédouanement dont bénéficie à chaque fois Abdelaziz Bouteflika alors qu'il est le principal architecte des politiques menées depuis 1999. Seuls les lieutenants de ce dernier sont savonnés, parfois très durement. Avec sa silhouette alerte, des cheveux ramassés à l'arrière de la tête, un visage clair et des yeux cherchant inlassablement l'acquiescement des petites gens, la passionaria du Parti des travailleurs oppose continuellement la doctrine socialiste à ses contradicteurs, qu'elle ne manque d'ailleurs pas d'égratigner à chaque occasion. Elle avance avec une fougue inentamée, comme mandatée, pour défendre les intérêts des faibles et parfois du maître des lieux. Elle a toujours montré son aversion pour toute idée de transition politique, préférant le passage par une Constituante pour mettre sur les rails la IIe République. Seulement, au fil du temps, le discours s'est quelque peu enrayé. Et la leader du Parti des travailleurs l'a appris à ses dépens, dans sa propre wilaya d'origine. Par deux fois, en 2002 et en 2007, le PT – grâce, il faut le reconnaître, à la personnalité de Louisa Hanoune – a pu décrocher un siège de député. Mais en 2012, le PT, ayant abusé pour la troisième fois sur le choix de son candidat, n'a pu glaner le siège.