Magnifiée dans ses sublimes toiles par Etienne Dinet, séduite par le sociologue Necib Youssef et par le fin observateur Mostefa Lacheraf, Bou Saâda, la cité du bonheur, si elle a succombé aux charmes de ces illustres personnages n'en reste pas moins jalouse de ses secrets. Et ces secrets viennent en grande partie d'être percés par un enfant de la ville, j'ai nommé notre confrère Farouk Zahi, qui en a dessiné les contours, tâté le pouls et les pulsations, pour nous offrir une belle fresque, un majestueux tapis boussaâdi, comme savent bien en confectionner les femmes de cette belle contrée d'Algérie. D'abord, le fait d'être issu de ces parages confère à notre ami Farouk le droit d'en dire plus et mieux dans un style chatoyant et simple. C'est une invite à l'évasion que cet ouvrage Bou Saâda en quelques traits paru aux éditions de l'ENAG, où l'auteur, qui avertit d'entrée qu'il n'est ni écrivain ni journaliste professionnel, tente de restituer, grâce à sa solide expérience de voisinage, à ses pérégrinations, la douceur de vivre de son oasis qu'il vit intensément dans son imaginaire enfantin, pour en faire plus tard son ouvrage identitaire. Mais l'image qu'il donne de sa ville n'est pas une carte postale, puisque, déçu mais pas abattu, il se surprend contrarié en voyant «l'image féérique des vertes années s'estomper peu à peu, pour offrir au final une hideuse image d'un monde fait de parpaing austère. Jadis, la clarté lunaire donnait à l'ombre du palmier son plus beau panache, plus maintenant les spectres des squelettes du rond à béton font tressaillir». Ce livre de bonne facture se décline en 210 pages, où l'auteur, après avoir situé la ville géographiquement et historiquement, évoque à travers une palette de couleurs les caractérisques de cette région et de ses habitants. On lit avec délectation la saga des moulins à grains, tout autant qu'on est tenté par les forges des Chorfa ou les «voyages» initiatiques d'El Anka et de Verdi à Bou Saâda. Certains hommes illustres de la ville y sont interpellés. Tels des poèmes, ces écrits sonnent comme un devoir de mémoire, un hymne à la prise de conscience. Hamid Tahri Farouk Zahi, Bou Saâda en quelques traits..., édition ENAG 2014. *Farouk Zahi dédicacera son livre le samedi 26 avril à 14h à la librairie Media Book (rue Zabana) près de la Chaîne III.