Lors d'une conférence organisée, avant-hier, par l'association culturelle Mouloud Feraoun à la maison de la culture Ali Zâamoum, M. Lounaouci a retracé l'histoire du mouvement depuis la crise dite berbériste de 1949 jusqu'aux événements d'avril 80. Selon lui, le contenu de la plate-forme de revendications formulée par les acteurs d'avril 80 s'articulait sur les libertés démocratiques, la liberté d'expression, la langue amazighe et l'arabe algérien. Une revendication légitime à laquelle le pouvoir a répondu par la force en intimant l'ordre aux forces de sécurité de prendre d'assaut la cité université de Tizi Ouzou à 5h du matin et qui s'est soldé par plus de 400 blessés et des arrestations. Dans son intervention, le conférencier s'est étalé sur le rôle important qu'a joué l'association «Idles» qui a pu former près de 1800 formateurs pour l'enseignement de la langue amazighe. Sur la question du statut de langue nationale, M. Lounaouci estime que cela «reste toujours au stade symbolique». «Il faut exiger des lois organiques régissant le fonctionnement de la langue amazighe». Et d'ajouter: «toutes les langues peuvent s'écrire dans n'importe quel caractère. Les réponses scientifiques que l'on donne à cette question sont fallacieuses et le choix du caractère est idéologique». Le deuxième témoin d'avril 80, Saïd Khelil, était à Haizer pour une conférence organisée par l'association du village Ighil Zegaghen. «L'esprit démocratique est né au cours des événements d'avril 80», a-t-il déclaré. Il estime que parler encore du printemps berbère d'avril 80 après 34 années, «c'est un grand espoir». «Si on arrête le combat pour tamazight, elle disparaîtra». Pour lui, le combat pour la reconnaissance de la culture et la langue amazighe «ne doit pas être uniquement culturel mais aussi politique». Il est à souligner que ces deux acteurs faisaient partie des 24 détenus d'avril 80 aux côtés de Saïd Sadi, Ali Brahimi, Djamal Zenati, Arezki Ait-Larbi, Mustapha Bacha, etc. Ils ont été libérés le 26 juin de la même année après une mobilisation citoyenne dans plusieurs régions du pays.