Recasés «provisoirement» dans des logements sociaux à la Nouvelle-ville de la commune voisine d'Ait Yahia, depuis 2008, une quinzaine de familles attendent toujours leur retour vers Aïn El Hammam, leur commune d'origine qu'ils avaient quittée suite à la démolition de leurs immeubles, menacés d'effondrement par un mouvement de terrain. «Des promesses d'un relogement rapide nous avaient été faites dès que la décision de démolition fut prise», nous disent les concernés inquiets devant la situation du provisoire qui dure déjà depuis plusieurs années. Une inquiétude justifiée puisque «quatre années après, rien ne se dessine à l'horizon et que notre relogement s'éloigne de plus en plus.». Pire encore, les bâtiments destinés à cet effet sont en construction et ne sont pas près de se terminer. En effet, l'entreprise chargée de leur réalisation a même arrêté le chantier depuis plusieurs mois pour des raisons qu'on ignore, reportant ainsi la livraison des appartements aux calendes grecques. Un locataire dira : «Cette situation qui perdure ne nous arrange pas. Nous ne sommes pas encore chez nous. Ne sachant quand partir, nous ne pouvons même pas refaire la peinture intérieure. De toutes façons, on nous a interdit de procéder à des modifications ou autres travaux.». «Bien que la cité soit alimentée en gaz de ville, nous n'en bénéficions pas. Nous ne pouvons engager des frais pour une installation de gaz qui nous reviendrait à cinq millions de centimes, au bas mot, alors que nous sommes appelés, théoriquement à vider les lieux, un jour», ajoute un de ses voisins. Ce qui frustre encore plus ces recasés est l'idée de payer le loyer au cas où ils seraient relogés alors qu'ils étaient propriétaires de leurs appartements au centre -ville de Aïn El Hammam d'où ils ont été délogés. «C'est en tous cas ce qu'on nous a fait entendre», disent-ils. Entre temps, la population d'Ait Yahia continue d'attendre que ces «recasés temporaires» libèrent la quinzaine de logements qui, de leur avis, leur étaient destinés, initialement. La frustration est grande surtout chez les démunis qui ne possèdent pas de terrain ou de moyens financiers devant leur permettre de postuler à l'aide de l'Etat à l'habitat rural. Ceux dont les maisons ne sont pas habitables disent qu' «à ce rythme, nous n'espérons pas entrer en possession d'un logement de sitôt alors que nous avons placé nos espoirs sur ces logement socio-locatifs, bâtis sur le territoire de notre commune pour ces citoyens.» Voyant que les appartements qu'ils avaient convoités s'éloignent de jour en jour, certains mal logés se rabattent sur l'auto construction. «Je suis obligé de rafistoler la vieille maison héritée de mes parents, en attendant mieux. C'est la seule solution qui me reste. Vu mes faibles moyens, je ne peux même pas aspirer à une quelconque aide pour construire une maison neuve», avoue un journalier, père de famille qui n'arrivera à ses fins qu' «au bout d'une vingtaine d'années», affirme-t-il, désabusé. Pour l'heure, les quarante logements prévus au quartier «Sidi Ali Ouyahia» à la périphérie Est d'Aïn El Hammam, ne sont pas prêts de voir le jour. «Et dire qu'ils ont été inscrits dans l'urgence et qu'ils devaient être livrés au mois de juillet dernier.», dira un autre délogé qui ne semble heureux qu'Aïn El Hammam, sa ville natale.