Le visage creusé par la fatigue, le jeune Sofiane Dahmane arbore un large sourire de satisfaction. Il vient, en effet, de subir avec succès une greffe du rein à la clinique de Daksi où il est toujours maintenu sous surveillance médicale. Sofiane a souffert trois années durant avant de voir arriver son tour, lui qui vient de Sétif. Il faut dire que l'interruption des greffes pendant 11 mois a compliqué davantage la situation et ajouté au calvaire de centaines d'hémodialysés qui nourrissaient l'espoir d'entrer en salle d'opération. L'interruption a fait couler beaucoup d'encre et motivé le déplacement du ministre de la santé et une commission d'enquête de son département. Le prétexte fallacieux du manque de produits chirurgicaux avait alors fait long feu devant l'émergence des conflits internes sur fond d'une défaillance totale de la part du directeur de l'établissement. Aujourd'hui, aussi bien la tutelle que les autorités locales n'ont pas ménagé les efforts pour doter la clinique des moyens après avoir procédé au remplacement du directeur. La greffe reprend et la clinique semble renaître et redonner espoir à ses propres cadres qui font confiance au nouveau chef. À la tête du service de néphrologie, le docteur Benzagouta, estime que « les choses vont mieux grâce à la bonne volonté des responsables, notamment le nouveau directeur qui est un bon gestionnaire, dynamique et animé d'une bonne volonté ». Mais l'équilibre cache mal sa fragilité au sein d'une équipe qui tente sa réconciliation. Pour Dr Benzagouta, « la greffe est une affaire d'équipe et personne n'est indispensable ». Autant la formule est belle autant son fond est le moins sûr quand on sait que la machine grince dès qu'un maillon est rompu ou qu'un détenteur de monopole se prend la tête. A l'instar de notre interlocuteur, le nouveau directeur, M. Bentouati, a refusé de livrer des noms en parlant des auteurs de blocages. Il n'a pas hésité, cependant, à ouvrir le feu sur l'association des malades qui, selon lui, veut continuer à imposer son diktat. M. Bentouati refuse d'abdiquer et compte récupérer le local qu'occupe l'association au sein de l'établissement, comme il refuse d'accorder le monopole de la coopération à la seule section syndicale relevant de l'UGTA. Toutefois, la volonté d'effacer l'ardoise et repartir sur de nouvelles bases semble animer les autres éléments du staff qui veulent se concentrer sur les objectifs de l'établissement, à savoir : maintenir un rythme régulier de greffe, rendre justice à tous les acteurs de la greffe et surtout assurer la formation sur place pour exporter des staff de la greffe, sachant que l'opération qui s'est déroulée la semaine dernière a été réussie grâce à une équipe 100 % produite en Algérie.