Même si la ville de Souk Ahras n'a pas connu des événements aussi sanglants que ceux vécus par les habitants de Guelma, Sétif et Kherrata, l'administration française avait mis ses services de renseignements des différents corps de sécurité en garde, dès les premières heures des émeutes dans les villes précitées, contre toute tentative d'insurrection voire de regroupement. Dans un document inédit signé par l'adjudant-chef de la brigade de la Gendarmerie de Souk Ahras, nous lisons ceci: «ci-après les noms des personnes qui doivent, sur ordre du commandant d'armes de place, se présenter à la Gendarmerie, tous les jours à 8h et à 18h». La liste qui portait les noms d' «éléments subversifs» ou soupçonnées de «menées anti-nationalistes», selon la version colonialiste, comptait des militants du PPA, des membres actifs dans l'organisation des scouts musulmans, devenus tous moudjahidine, membres actifs dans les rangs de l'ALN –FLN et OCFLN, dont le martyr Hacène Belaboudi, tombé au champ d'honneur en 1956. Il s'agit, encore de Mahmoud Benmahdjouba, militant FLN de la première heure et ancien cadre de la nation, Hocine Khalfi, militant nationaliste des années 1940 et l'un des pionniers des SMA à Souk Ahras, Kamel Benslama, membre du premier noyau révolutionnaire, Mohamed Menasria, Kaddour Athamnia, Mahmoud Kadi, Feddaoui, Bouguerra, Touaibia et bien d'autres que l'administration française devait neutraliser pour que les événements de Guelma, Kherrata et Sétif ne servent pas d'éléments inspirateurs. Dans une autre correspondance officielle émanant dudit corps de sécurité, nous lisons également ceci : «les éléments dont les noms figurent sur la liste doivent faire l'objet d'une liquidation au moindre geste suspect».