Le prélude d'une large invasion et même d'une totale réoccupation par l'armée israélienne de la bande de Ghaza, qu'elle a quittée à la fin de l'été passé, ont commencé dans la nuit de mardi à mercredi par des raids aériens visant l'infrastructure de base de ce minuscule territoire de 360 km2 dans un but évident de perturber au maximum la vie des citoyens palestiniens. L'aviation israélienne a, en effet, détruit deux ponts stratégiques, l'un sur la rue Salah Eddine, qui relie le nord au sud de la bande de Ghaza, au niveau de la région centre, près du camp de réfugiés d'El Boureij, et l'autre sur la route côtière, toujours dans la région centre. La destruction de ces deux ponts a isolé le Nord du Sud de la bande de Ghaza, car aucun véhicule ne peut désormais se déplacer dans un sens ou dans l'autre. Le deuxième pont stratégique détruit par l'aviation israélienne a été la principale station électrique de ce territoire, dont une grande partie a été plongée dans l'obscurité. Des missiles ont frappé la station située près du camp de réfugiés de Nousseirat, aussi, dans le centre de la bande de Ghaza, provoquant un incendie et plongeant notamment Ghaza-ville dans le noir. Selon des sources sécuritaires palestiniennes et des responsables de la défense civile, la station, qui a été complètement rasée, distribuait le courant à 70% de la bande de Ghaza. En détruisant les ponts, l'armée israélienne a en même temps fait éclater une canalisation principale d'eau douce qui passait sous l'un d'eux, privant d'eau potable, des dizaines de milliers de citoyens habitant la région. Israël qui contrôle la bande de Ghaza et l'isole à sa guise, en bloquant toutes les points de passages menant vers son territoire ou vers l'Egypte voisine, se prépare à mener une guerre totale à ce territoire, pauvre et désarmé, faisant croire à l'opinion internationale, occupée actuellement à suivre le déroulement de la Coupe du monde de football, qu'elle mène une guerre contre un pays doté d'une véritable armée, ce qui est loin de la vérité. En privant les Palestiniens d'eau, d'électricité, de gaz ainsi que de carburant, l'armée israélienne essaye de faire plier l'ensemble des citoyens. Selon les responsables israéliens, cette évolution dramatique de la situation dans la bande de Ghaza fait suite à une opération militaire réussie par des hommes de la résistance palestinienne contre un poste militaire israélien situé à proximité du point de passage Karem Salem, entre Israël et l'Egypte à la lisière du sud de la bande de Ghaza, dimanche dernier. Lors de cette attaque, les résistants ont réussi à tuer deux soldats israéliens et emprisonné un troisième. Deux des attaquants palestiniens ont été tués au cours des échanges de coups de feux. L'opération a été revendiquée par les brigades Ezzeddine El Qassam, la branche armée du Hamas, les comités de la résistance populaire ainsi qu'un groupe inconnu de l'armée de l'Islam. L'opération militaire israélienne en cours vise justement à récupérer ce soldat. Les bons offices de pays comme l'Egypte et la France dont le soldat Guillad Shalit porte la seconde nationalité n'ont pas donné de résultats évidents. Les résistants qui gardent leur prisonnier dans un lieu secret, qu'Israël n'a pas réussi à déterminer, exigent du gouvernement israélien la libération de la totalité des enfants ainsi que des femmes palestiniennes, détenus dans les prisons israéliennes, contre sa libération. De hauts responsables israéliens ont rejeté sur les dirigeants palestiniens la responsabilité de l'attaque, la première de ce type depuis le retrait israélien de Ghaza en septembre. « L'Etat d'Israël considère l'Autorité palestinienne sous la direction du président Mahmoud Abbas et le gouvernement palestinien (dirigé par le mouvement islamiste Hamas) comme responsable de cet événement avec tout ce que cela impliquait », a notamment déclaré le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, qualifiant l'attaque « des plus graves ». Le gouvernement israélien a, par ailleurs, refusé toute libération de prisonniers palestiniens, dont le nombre total est de 9000. Dans cette atmosphère de guerre imminente, l'accord intervenu entre les différents mouvements palestiniens sur le document d'entente nationale élaboré par des chefs issus de ces mouvements, emprisonnés en Israël, se voit relégué en seconde place malgré son importance. Ce qui préoccupe les gens c'est l'agression israélienne qui vise tout le monde. La survie devient le but principal, car en restant vivant tout peut se régler, même les différents les plus profonds.