L'absence de coordination entre les différents services frôle l'absurde. Grande cacophonie à la place Ahmed Bey, plus connue sous le nom de Dounia Ettaraëf. Dans l'équation qui comprend l'entreprise en charge du projet, la direction de l'urbanisme, maître d'ouvrage, la société de distribution de l'électricité (SDE) et l'APC de Constantine, tout va de travers. En effet, malgré la relance des travaux après plus de quinze mois d'arrêt pour des raisons encore inconnues, rien ne semble avoir été fait d'un point de vue administratif, notamment la délivrance de l'ordre de service (ODS). Il faut savoir que le contrat a été signé en 2012, selon les dires de l'architecte de l'entreprise, Mohamed Remalah, confirmés par la représentante de la DUC, mais cet arrêt des travaux n'a pas permis aux différentes institutions concernées de procéder à la déviation des câbles d'électricité, de démanteler les commerces existants au niveau de la placette, mais surtout de peaufiner les plans initiaux qui présentaient des insuffisances. Parmi ces insuffisances, le revêtement du sol qui va être fait avec du béton impacté. Un choix très contesté par les autorités. D'ailleurs, Mohamed Remalah se plaint de visibilité, évoquant le montant de l'opération qui se chiffre à 273 millions de dinars. Selon lui, la pierre noble, exigée par les autorités pour le revêtement du sol, va démultiplier et le coût et le temps qui va déborder sur les délais. Sur un autre registre, l'entrepreneur s'inquiète de l'obstacle du réseau des câbles électriques souterrains, qui l'empêche de procéder aux travaux de terrassement. «D'ailleurs, il y a deux jours, nous avons échappé à une catastrophe quand l'un de nos engins à touché un câble de haute tension (10000 volts), alors qu'on nous a assuré que les travaux de déviation ont été faits», relève-t-il. Sur place, nous avons rencontré le représentant de la SDE, qui établissait le constat de sinistre dû à la détérioration du câble. Selon lui, aucune déviation n'est prévue dans leurs programmes. Et de préciser : «Dans ce cas de figure, le maître de l'ouvrage doit nous saisir pour dévier ces câbles et pour cela, c'est toute une étude qui doit se faire, puisqu'il sera question de traverser la chaussée attenante et de concertation avec les deux grands hôtels (Ibis et Novotel) car, c'est leur alimentation qui est concernée, en plus de leur accès.» Impuissance Interrogé sur la responsabilité de la DUC en pareilles circonstances, la représentante de la DUC, qui n'a pas décliné son identité, dit le contraire et affirme que la DUC a saisi la SDE voilà 15 mois ! «Pour nous, le travail est fait et ce qui m'étonne le plus, c'est que nous tenons des réunions hebdomadaires avec l'ensemble des intervenants et ce problème n'a jamais été posé.» Faux, répond le représentant de la SDE. «Certes, nous avons votre correspondance, sauf qu'elle n'a pas été honorée et avec l'arrêt des travaux de ce projet, nous ne pouvions décider ou non de l'entame des travaux de déviation.» Médusé devant tant de contradictions et de blocage, le représentant de l'entreprise déclare : «Je ne sais si je dois continuer ou arrêter en l'absence des responsables qui sont supposés s'inquiéter de la bonne marche des travaux !» Sur un autre registre, il renchérit: «Ce sont les commerçants qui nous empêchent de travailler et c'est leur droit que je me dois de respecter, car je n'ai aucune autorité pour les contraindre.» Un commerçant, tenancier d'une latrine, nous dit, pour sa part : «Aucune proposition concrète ne nous a été faite quant à l'issue de ce projet et de nos indemnisations ; nous attendons que les choses soient plus claires pour décider des suites à donner, car il s'agit avant tout de notre gagne-pain.» Cependant, le problème crucial réside dans les commerces. Interrogé à ce sujet le P/APC de Constantine, Seïf-Eddine Rihani, nous dira sans ambages : «A mon niveau, nous avons recensé 15 commerces, dont la plupart jouissent du fonds de commerce qu'ils ont acheté ; la logique voudrait qu'il y ait autant de kiosques installés, mais le projet tel qu'il a été initié par la direction de l'urbanisme, l'aménagement et la construction n'en a prévu que huit, un non-sens ! C'est pourquoi j'ai demandé officiellement un rajout de commerces pour contenter le nombre prévu de commerçants, mais à ce jour, aucune action concrète n'a vu le jour.» Concernant les travaux de déviation de l'alimentation électrique, il ajoutera : «Nous connaissons énormément de problèmes avec cette société qui agit de façon unilatérale ; d'ailleurs le fait qu'elle n'ait pas pu procéder à cette déviation prouve la légèreté et l'absence d'esprit de responsabilité, ne serait-ce que par rapport aux accidents mortels qui peuvent survenir. La SDE évoque le problème de paiement, mais c'est une manière de fuir ses obligations ! Il faut voir tous les désagréments des creusements anarchiques qu'elle occasionne à la ville, sans compter les dépenses faramineuses pour de piètres résultats.»