Faudrait-il croire à un changement dans le mode de gestion de l'économie ou non avec l'installation d'un ministère délégué chargé du budget de la prospective ? Les avis sont partagés à ce sujet. «Peut-être que cette nouvelle organisation se donne pour objectif de faire participer de façon plus active la planification à l'élaboration des budgets», estime à ce sujet Ahmed Mokaddem, statisticien-économiste. Et d'ajouter : «Si c'est le cas, je pense que cette nouvelle organisation est plus indiquée pour le management de l'économie et surtout pour intégrer la vision pluriannuelle à moyen et long termes dans la conduite de l'économie.» Il rappellera dans ce même sillage les étapes qu'à traversées l'Algérie dans le domaine de la planification. «Dans le passé, l'ancienne planification tirait sa force et son efficacité dans les actions d'arbitrage des opérations financées par le budget d'équipement», dira-t-il. «Depuis 1997-98, le Délégué à la planification et surtout avec la création du CGPP au début des années 2000 et même tout récemment avec la création du ministère délégué chargé de la prospective et des statistiques, les services de la planification ont été réduits à ne s'occuper que des aspects de suivi de la conjoncture et des prévisions et ont été évincés, pour ainsi dire, de la programmation budgétaire», notera t-il par ailleurs. Un autre expert bien au fait du dossier de la prospective puisque ayant été membre du CGPP ne voit pas les choses de la même manière. «Je ne considère pas du tout qu'il s'agit d'un retour à la prospective dans son véritable et noble contenu pour au moins deux raisons». Lesquelles ? «Il me semble inapproprié que la fonction prospective — et par extension la planification et coordination économiques ainsi que l'organe de statistique publique — demeure rattachée à un ministère (en l'occurrence celui des Finances) confronté certes à des défis nombreux mais qui n'a pas vocation actuellement de traiter transversalement des affaires économiques de la nation en assurant valablement la continuité temporelle — court, moyen et long terme —, mais plutôt s'attache à prendre en charge surtout l'épineuse question de la dépense publique», expliquera-t-il concernant la première raison. Par ailleurs, il y a selon notre interlocuteur «fort à faire de surcroît chez le ministre délégué du Budget et de la Prospective qui a une charge symbolisant à première vue deux logiques pas nécessairement complémentaires; dans ce cas de figure». Aussi, «compte tenu d'une pratique du budget dans une large mesure huilée, c'est du côté de la prospective que l'effort de ciblage doit se faire en s'appuyant sur une expertise et savoir-faire avérés», conclura notre professeur d'économie. Et ce, d'autant que cette prospective a son rôle à jouer dans la mise en œuvre d'une stratégie pour l'émergence d'une économie nationale diversifiée, un point sur lequel le prochain plan quinquennal semble s'orienter. C'est l'urgence de l'heure. «Le prochain plan quinquennal 2015-2019 devrait favoriser l'émergence d'une économie diversifiée et compétitive», a déclaré pour sa part à ce sujet Mustapha Mekidèche, vice-président du Conseil national économique et social sur les ondes de la Radio nationale la semaine dernière. La réalisation de cet objectif passe, selon lui, par une «ré-industrialisation du pays» et par une rupture avec la logique de l'ouverture aux importations. Ce que pense également le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Réda Hamiani. Le FCE attend du gouvernement qu'il mette en œuvre l'instruction du 7 août 2013 relative à la relance des investissements et l'amélioration de l'environnement des affaires. Une instruction qui devait être évaluée lors de la tripartite d'octobre dernier. Des vœux longtemps ressassés, mais qui ont fini par ne plus être pris au sérieux.