Quelque 200 personnes ont pris part, hier, au regroupement préparé depuis trois jours par le Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) qui marque le retour de Tahar Belabes à la coordination du mouvement. Le leader des chômeurs, désormais opérateur à l'Entreprise nationale des services aux puits (ENSP) à Hassi Messaoud a animé les regroupements quotidiens organisés à Beni Thour. Les chômeurs ont décidé de se replier après qu'une cinquantaine d'agents antiémeute eurent quadrillé la place Tahrir, empêchant les manifestants de marcher en groupe. Encerclés par les camions de police prêts à cueillir les marcheurs, impressionnés par les gourdins et casques des agents manifestement décidés à intervenir en force, les chômeurs ont hésité à forcer le mur de policiers qui les attendait près de la cité Bahmid et l'école primaire Aïcha Nouaceur. Les manifestants parlent même de «tentatives de les pousser à la violence pour donner lieu à une intervention plus musclée» d'où l'appel à la sagesse et au repli stratégique. La journée d'hier n'a donc connu aucun heurt entre les policiers et les manifestants qui avaient lancé une campagne de mobilisation via les réseaux sociaux pour dénoncer «un statu quo imposé par la personne de Nouari Cheddad, chargé du dispatching des offres d'emploi et Lakhdar Fouatih, chef de cabinet du wali chargé de coordonner la commission de l'emploi qui empoisonnent le dossier de l'emploi». Ce n'est pas la première fois que ces deux responsables sont nommément cités et décriés par les chômeurs qui demandent au wali de mener sa propre enquête sur les agissements de ces derniers, les rendre comptables de leurs actes et les traduire devant la justice au besoin. Le wali a déclaré pour sa part qu'aucune preuve de corruption ne lui a été fournie à l'encontre de ses collaborateurs, annonçant coup par coup de rendre publiques les listes réelles des embauches ainsi que les noms des doublons et autres fraudeurs indûment inscrits aux tablettes de l'ANEM. Mais ce que reproche le CNDDC au wali ne relève pas des mesures prises par sa personne ainsi que ses directives aux différentes instances de l'emploi auxquelles Ali Bouguerra a explicitement exigé de recevoir dans leurs locaux respectifs, le mardi de chaque semaine, les demandeurs d'emploi. Ce qui est reproché au chef de l'exécutif concerne justement la non-application de ces directives par l'ANEM dont les responsables continuent à prétexter le manque de sécurité sur leurs lieux de travail, la violence des chômeurs et même l'absence d'offres destinées à la main-d'œuvre d'exécution, voire peu ou pas qualifiée. De l'aveu même du président de l'APW et du wali de Ouargla lors de la dernière session ordinaire de l'assemblée élue, il a été question de cette tendance à mépriser les chômeurs tant au niveau de l'administration qu'à celui des entreprises.