Plusieurs agressions ont été enregistrées ces derniers temps contre des pharmaciens sous la menace d'armes blanches, par des individus à la recherche de psychotropes. Les pharmaciens de la wilaya de Guelma ne sont pas en sécurité. Les dernières agressions qui ont ciblé certaines officines ont fait réagir les membres de cette corporation. Une assemblée générale extraordinaire, sous la couverture du Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo), les a réunis, jeudi dernier à la maison de la culture Abdelmadjid Echaffii de Guelma, ou pas moins de cinquante pharmaciens de la wilaya y ont pris part. Ces derniers ont soulevé de nombreuses questions dont la conformité des ordonnances, le contrôle médical, les problèmes de connexion à Internet, les dérivées morphiniques, l'enregistrement des psychotropes et le problème du visa de l'ordonnancier par le service de sécurité et de gendarmerie, ainsi que les horaires de travail et la liste de garde et le problème des médicaments périmés. Mais ce qui a prévalu lors de ce conclave, a été, incontestablement, l'insécurité qui a atteint un seuil critique avec la dernière agression à l'arme blanche, survenue le 6 mai dernier, dans la pharmacie Kharoubi de Guelma, ayant coûté 25 points de suture au visage du mari de la pharmacienne se trouvant à la caisse. Celle-ci serait intimement liée à la vente de psychotropes. Une agression qui a fait déborder le vase, selon les membres du bureau du Snapo de Guelma, d'autant, que l'agresseur reste introuvable. Pire encore, les pharmaciens de la wilaya sont taxés par les services de sécurité, de dealers. Ainsi, l'insécurité bat son plein à Guelma, et les témoignages des unes et des autres sont édifiants au sujet des vols de caisse par effraction, tel celui de la pharmacie Kara à El Fedjoudj, il y a quelques jours. Notons aussi les agressions verbales et les menaces au quotidien. «Nous demandons au services de sécurité de nous traiter comme d'honnêtes citoyens et non pas comme des présumés coupable», déclarent des intervenants. «Lorsque nous appelons la police pour une agression, les agents mettent des heures à intervenir. Quant à la procédure de la plainte, elle se retourne le plus souvent contre nous. Et nous sommes d'emblée suspectés. Ici à Guelma la parole d'un pharmacien ne pèse pas lourd devant celle d'un drogué», relèvent d'autres. La traçabilité des produits soumis à contrôle des services de sécurité, au nombre de seize, doivent être systématiquement enregistrés sur un ordonnancier par le pharmacien. Le visa mensuel de la police ou de la gendarmerie est obligatoire. Cette mesure tend, nous dit-on, à contrôler la vente des psychotropes par le pharmacien, mais le prescripteur, c'est-à-dire le médecin n'est jamais inquiété. Et pourtant la règlementation est claire, selon les intervenants : «un ordonnancier à trois souches peut faire la différance en cas de fraude, car un volet est archivé chez le médecin». Mais à ce jour jamais le médecin prescripteur n'est pas inquiété et «ce ne sont pas les aberrations dans les ordonnances qui manquent. Il n'est pas rare de trouver un psychotrope ou un morphinique, alors que le patient ne détient pas de carte de malade chronique». Les pharmaciens de la wilaya ont décidé lors de ce conclave d'observer un mouvement de protestation et de revendication mardi prochain en solidarité avec leur consœur Dr Kharoubi. Il est question d'observer un sit-in devant le siège de la wilaya et de remettre au wali une liste de revendications pour régler, entre autres, le problème d'insécurité.