Les Palestiniens ont d'autres problèmes que d'assister au déroulement de la Coupe du monde. L'armée d'occupation israélienne a opéré des mouvements de troupes en bordure de la bande de Ghaza, alors que l'aviation a effectué plusieurs raids, détruisant des infrastructures civiles, dont l'unique centrale électrique de Ghaza. Toute une ville dans le noir, tout un peuple dans l'angoisse, pour compter une fois de plus ses morts. Le football n'est plus une préoccupation pour une population qui reste coupée du reste du monde tant les grandes nations ne se pressent nullement de dénoncer cette agression militaire. Invasion, séquestrations, violations des principes humains et des droits internationaux, voilà à quoi est réduit tout un peuple qui a toujours en mémoire les massacres de Sabra et Chatila, perpétrés par cette même armée d'occupation au même moment où se déroulait la Coupe du monde de football, qui a eu lieu en Espagne en 1982. L'histoire est têtue, puisqu'elle nous rappelle qu'à cette époque-là, dans les territoires de Cisjordanie et de Ghaza, l'armée israélienne avait déclenché sa politique d'occupation, de blocus des villes, de destruction des institutions civiles, de chasse aux militants, d'assassinats ciblés... Cette même armée avait elle-même reconnu qu'elle utilisait des « boucliers humains » dans ses opérations, un crime de guerre, selon les conventions internationales. C'est un long calvaire qui se poursuit ainsi. Le massacre de Sabra et Chatila perpétré il y a vingt-quatre ans, en septembre 1982, qui vit l'assassinat de centaines de civils dans les camps du Liban par les milices libanaises de droite, sous l'œil complice des soldats israéliens et d'Ariel Sharon, est vécu par les Palestiniens comme une étape supplémentaire dans une histoire ponctuée de massacres et d'exactions, de Deir Yassine à l'opération Rempart, en passant par Qibya. Pour eux, le passé, c'est encore le présent. Ce n'est pas les Coupes du monde qui y changeront grand-chose.