Louiza Hanoune a attiré les foules dans une région où domine en maître des lieux l'Alliance présidentielle. La salle du petit théâtre, pleine à craquer, était bigarrée : femmes et hommes mêlés, ce qui changeait d'avec les rencontres des autres partis où les espaces sont réservés selon le sexe et les catégories sociales. Ceux qui, parmi l'assistance, attendaient que la pasionaria fasse de fracassantes déclarations en ont eu pour leurs frais. Elle était manifestement venue narguer personne. Elle a indiqué qu'elle se devait d'être présente à Témouchent pour dire non à la hogra et pour la réhabilitation de son camarade Nordine Bekhit, malmené par la police et par le parquet. Son discours, plutôt que de faire dans la harangue, a emprunté le registre du pathétique. « Nous n'avons de problème avec aucune institution quelle qu'elle soit », a-t-elle répété. Hanoune a même reconnu au ministre de l'Intérieur et au chef du gouvernement ainsi qu'au wali de Témouchent le fait d'avoir mis fin au dérapage dont Bekhit Nordine a été victime. Il reste l'énigme de la persistance du procureur dans le maintien sous scellé de la pétition signée, une interrogation sur laquelle l'oratrice n'a rien dit. Elle l'a interpellé pour qu'il la rende de façon à faire le décompte des signataires témouchentois. Et c'est longuement que la porte-parole du PT s'est expliquée sur l'intérêt à émarger la pétition en appelant à prendre de la graine sur la Bolivie et le Venezuela qui ont nationalisé leurs hydrocarbures. Par ailleurs, la porte-parole du PT était hier à Mascara pour un meeting, Louisa Hanoune s'est attaquée indirectement à Abdelhamid Temmar, ministre des Participations et de la promotion des investissements en disant : « il y a un ministre qui croit que la privatisation des entreprises publiques est une affaire de famille et personnelle ». En effet, la porte-parole du Parti des travailleurs, qui n'a pas hésité à qualifier la privatisation de quelque 1200 entreprises publiques, durant le mois de novembre 2004, de tsunami, a dénoncé les dernières décisions de M. Temmar concernant la fermeture de 160 entreprises. « Le ministre Temmar a, malheureusement, un riche programme de désertification industrielle qui mettra des milliers de travailleurs au chômage », dira Mme Hanoune. Parallèlement, la porte-parole du PT, qui a qualifié de positif le discours prononcé par le président de la République lors de la réunion gouvernement-walis, n'a pas hésité à soutenir l'opposition de M. Bouteflika à la politique du FMI concernant l'augmentation des salaires, les pensions de retraite et le plan du développement local dans le cadre de désenclavement des régions isolées et la création des postes d'emploi. Tout en s'alignant sur la dernière déclaration de M. Bouteflika, relative à l'impossibilité de la construction d'une économie sans les hydrocarbures, contrairement aux déclarations des ministres qui ne cessent, selon Mme Hanoune, de réclamer l'application de la loi des hydrocarbures adoptée le 20 mars 2005 pour faire perdre à l'Etat quelque 75% de ses recettes. Louisa Hanoune souhaite que le jour de la commémoration de 44e anniversaire de l'indépendance soit une occasion pour l'annulation de la loi sur les hydrocarbures. A. Souag, Kali M.