Notre déplacement, mardi dernier, à Sour El Ghozlane a permis, une fois de plus, de voir et de mesurer l'ampleur de la dégradation que subit cette ville qui s'enorgueillit d'être construite sur les vestiges de l'antique Auzia par le duc d'Aumale lui-même, dont elle a porté le nom de 1860, date de la pose de la première pierre, jusqu'à l'indépendance. Cet état de dégradation, dû au temps et aux intempéries, n'a pas échappé d'ailleurs à Mme Khalida Toumi, lors de sa visite officielle dans cette ville et qui, pour y remédier systématiquement, a généreusement puisé dans les caisses de l'Etat. Hélas, les lenteurs administratives aidant, les projets de restauration tardent et les actions dégradantes poursuivent inéluctablement leur cours. Les ravages constatés sur les remparts de la ville, sur les bastions et les portes, ainsi que sur l'ancienne caserne, deux sites classés patrimoine culturel de la wilaya, en attendant mieux, sont, à proprement parler, effarants. En plusieurs endroits, la muraille s'est écroulée et les pierres de taille jonchent les trottoirs et les terrains vagues. L'ancienne caserne, dont il ne reste que les murs, n'est pas plus à l'abri du temps et des intempéries. Le théâtre romain, ou du moins ce qu'il en reste, se rétrécit comme peau de chagrin, livré qu'il est à la convoitise des riches. Cinq occupants tiennent des actes de propriété sur le site, même s'ils se disent prêts à se désister moyennant indemnisation, ainsi que nous l'a appris hier, lors de notre entretien, le directeur de la culture. Quoi qu'il en soit, voilà une ville qui, avec ses rues et ses maisons anciennes, ainsi que sa forteresse, peut apparaître comme un fleuron de l'économie nationale et qui s'en va lentement faute d'un plan de sauvetage. Dans 10-15 ans, elle ne sera que poussière, dispersée aux quatre vents. Alors vivement une main qui relève, qui restaure, qui préserve.