Enseignants en grève, cours perturbés et établissements fermés. Les terminales du Sud ont eu une scolarité instable depuis février. Dimanche, ils seront face à leurs sujets d'examen au même titre que leurs camarades du Nord. Aucune mesure exceptionnelle n'est annoncée en leur faveur. A partir de dimanche, quelque 500 000 candidats sur tout le territoire national passeront leur examen du bac. Mais tous les élèves ne le passeront pas dans les mêmes conditions : en particulier ceux d'une dizaine de wilayas des Hauts-Plateaux, du Sud et des Aurès dont les cours ont été perturbés par des grèves répétitives depuis le mois de... février ! En pratique, ces élèves n'ont suivi que 5 mois de cours ! Actuellement, le ministère considère qu'il ne faut pas s'inquiéter dans la mesure où «seulement 2% des établissements ont été perturbés». Les syndicats, à savoir l'Unpef (tous corps confondus) et le Snapest (enseignement secondaire) avancent un taux de 85% de suivi. Selon eux, le retard dans l'achèvement des programmes atteint les sept semaines, ce que le ministre dément. Comme depuis cinq ans, un seuil a été fixé pour les candidats et affiché dans l'ensemble des établissements scolaires avant l'arrêt des cours, soit début mai. Une démarche qui permettra aux candidats à l'échelle nationale d'être fixés sur les cours à réviser. Abdelatif Baba Ahmed, le ministre de l'Education nationale, se veut rassurant. «Les questions du bac porteront uniquement sur les leçons dispensées en classe et partout dans le pays», a-t-il affirmé il y a quelques jours. Même assurance de la part de Méziane Mériane du Snapest, l'un des initiateurs de la grève. A la veille de cet examen décisif, le ministère préfère garder le silence et ne pas commenter cette grève. Les syndicats, eux, ne s'impliquent pas pour réclamer des mesures spéciales pour les régions lésées. Les candidats, pour leur part, affichent leur inquiétude (voir ci-contre). Les parents quant à eux se demandent pourquoi rien n'a été décidé en faveur de leurs enfants. «Si la grève n'est pas suivie comme prétend le ministère, comment expliquer les mesures prises pour les compositions dans les autres classes du secondaire ?», se demandent certains parents. Selon les lycées, les chefs d'établissement ont le choix entre ne pas introduire les cours du troisième trimestre dans les sujets en se limitant à calculer la moyenne générale de l'année sur la base des deux premiers trimestres. Ou élaborer les sujets en fonction des cours dispensés de septembre à février. En attendant de savoir ce qui va réellement se passer pour le bac, un scénario se profile. Colère «Le ministère verrait délibérément à la hausse les résultats du bac dans le Sud. Autrement dit, les wilayas touchées par la grève, du moins pour certaines, ne seraient pas classées dans le bas du tableau, affirme un inspecteur de l'éducation. Une démarche du ministère qui absorberait la colère de ces régions et surtout qui permettrait de remplir les nouvelles universités ouvertes à partir de la prochaine rentrée. On encouragera même les lauréats du Nord à aller dans le Sud pour alléger la pression.» Un scénario écarté par Abdelatif Baba Ahmed qui a affirmé hier : «Les résultats du bac ne seront pas politiques.» Yahia Chouihat de l'Unpef du Sud évoque la possibilité de la révision du barème : «Je pense qu'au ministère, on révisera le barème de sorte à mieux noter les questions relevant des trimestres étudiés sans perturbation.» C'est la raison pour laquelle, dit-il, son syndicat veut encore garder le silence. Chouihat se veut, par contre, confiant. Il dit «ne pas vouloir agir avant la tenue de l'examen». A El Oued, par exemple, les syndicats ont eu les assurances de l'Office du bac que des mesures spéciales seront prises pour le BEM et l'examen de fin du cycle primaire ! Cette situation est considérée comme inédite. La dernière fois que les candidats au bac ont exigé une prise en charge particulière en raison des retards pris dans le programme remonte à 2008. Depuis cette date, les candidats ont le choix entre deux sujets avec 30 minutes supplémentaires. «A l'époque, il s'agissait d'une grève nationale ! Il faut dire les choses comme elles sont : aujourd'hui, le Nord n'est pas touché alors on se moque pas mal des régions du Sud !», dénonce une enseignante. Même en 2010, lorsque M'sila a été secouée par un tremblement de terre, peu de temps avant le bac, aucune session spéciale n'avait été décidée. Seule mesure : les élèves recalés au bac ont pu refaire leur terminale même s'ils avaient dépassé l'âge limite.