Le nombre d'herboristes ne cesse de croître à Blida. Au centre-ville, ils sont nombreux à proposer leurs «mixtures» à des «patients» faisant plus confiance à la phytothérapie qu'à la médecine moderne. Ils viennent des quatre coins de l'Algérie pour ouvrir boutique à Blida. Et dire qu'au XXIe siècle, les produits chimiques font peur. «Les médecins eux-mêmes reconnaissent que les antibiotiques sont, à la longue, néfastes pour la santé. Ils affaiblissent notre système immunitaire. Sur les chaînes étrangères, notamment françaises, on voit souvent des médicaments qui sont retirés de la vente pour leurs effets dangereux. Ce qui expliquerait le retour, en force, du recours à la phytothérapie, que ce soit ici en Algérie ou dans les pays développés», témoigne une quinquagénaire, l'air instruit, rencontrée chez un herboriste à Blida. Souffrant de problèmes du colon, elle dit qu'elle a vu son état de santé s'améliorer grâce aux conseils «verts» de Ammi Idir. Doyen des herboristes à Blida Ammi Idir Benkacimi figure parmi les plus anciens herboristes de Blida. Alors âgé d'à peine 8 ans, il commençait à aider son père propriétaire de la boutique d'herboriste «Droguerie Indigène». Depuis 1949 à ce jour, Ammi Idir, septuagénaire, s'est forgée une expérience avérée dans le domaine de la phytothérapie. Une expérience de plusieurs décennies qui lui a valu une notoriété non seulement à Blida, mais dans toute la région centre du pays. Il a des remèdes à presque tout et le client ne repart jamais bredouille. Problème de colon ou de poids (obésité ou maigreur), stérilité, impuissance, chutes de cheveux, effets de la ménopause… constituent les principaux motifs de «visite». Mais l'herboriste qui se fait aider par ses enfants pour une histoire de relève, aussi, reconnaît l'avancée de la médecine moderne et propose même à ses clients d'aller voir un médecin en cas de besoin. Pour l'histoire, en 1940, une famille d'origine kabyle ouvre une boutique d'herboriste, appelée «Droguerie Indigène». Implantée au cœur de Blida, au lieu-dit «Souk», la boutique ne désemplit pas. Depuis son ouverture à ce jour, elle accueille une centaine de personnes par jour, à la recherche d'une «potion magique» capable d'apporter un remède à leurs maux. Sa boutique n'est pas vraiment spacieuse mais est capable, paradoxalement, de contenir un monde fou. L'odeur des épices et des herbes, sentant fort indique bien la vocation des lieux. Les «potions magiques» sont généralement servies dans du papier journal. Pas besoin d'un packaging «noble» et du marketing pour pouvoir vendre ! C'est la conviction du client en phytothérapie ainsi que le savoir détenu par Ammi Idir qui constituent la force de vente. «Ici, on ne ressent pas l'exiguïté des lieux tant que cette boutique représente pour nous une lueur d'espoir», déclarent des personnes attendant d'être servies par le connaisseur Ammi Idir. 199 plantes médicinales répertoriées à Chréa Le Parc national de Chréa contiendrait 199 plantes médicinales, et ce, selon le dernier inventaire des espèces floristiques de ce parc effectué en 2011 par des chercheurs universitaires. Mais ce chiffre augmente en fonction des explorations des chercheurs dans ce domaine. Considéré comme étant un carrefour climatique connu pour être un lieu de brassage d'ambiances d'airs venus du versant nord et du versant sud, le Parc national de Chréa bénéficie donc de ce brassage. La diversité de la flore est l'une des conséquences, mais sans pour autant être optimisée. «Après les recherches et les inventaires, il n'y a plus rien après», se désole M. Dahal, directeur du Parc de Chréa. Pour notre interlocuteur, la partie concernée par les études de recherches n'est finalement que la partie visible de l'iceberg. «La vraie richesse de notre parc réside dans ses tréfonds et dans ses endroits inaccessibles», ajoute-t-il. La verveine, la lavande, l'origan et l'ortie, pour ne citer que ces plantes médicinales y existent en abondance sans être utilisées en industrie phytopharmaceutique. Un arbuste bon pour le cancer ! Les ifs, arbustes généralement centenaires, voire millénaires, sont rares au monde. Parmi les régions qui font l'exception figure Chréa. Des glucosides synthétisés à partir d'extraits de l'if, dont le Docétaxel, sont utilisés en oncologie pour traiter certains cancers. «Des molécules toxiques de cet arbuste sont utilisées par de grandes firmes pharmaceutiques pour ses propriétés anticancéreuses. Mais ces firmes ne viennent jamais à Chréa. On aimerait bien qu'elles viennent chez nous pour développer les recherches pharmaceutiques et médicales dans ce domaine», espère M. Dahal. Pour le moment, les plantes médicinales des hauteurs de Blida sont récoltées par des «vieilles connaisseuses» dans le domaine et qui les vendent chaque matin aux différents souks de la ville.