L'été s'annonce orageux pour la reprise du championnat professionnel de football, prévue au mois d'août, et ce, en raison de la décision de l'application du plafonnement des salaires. La dernière journée du championnat d'Algérie, qui avait pris fin le 24 mai dernier, avait été marquée par l'arrêt de jeu dans plusieurs stades pendant plusieurs minutes par les joueurs pour protester contre le plafonnement des salaires à 120 millions de centimes pour les internationaux et 80 millions de centimes pour les autres. Le bureau fédéral (BF) de la FAF a réagi dans sa réunion au lendemain du championnat. Il a déploré «les actions de protestation des joueurs exprimées par l'interruption momentanée des rencontres». Il a même précisé que «l'interruption des rencontres de football par des joueurs pour un motif quelconque est punie par les règlements». Le BF a tenu, par ailleurs, à se laver les mains, en indiquant que la décision du plafonnement des salaires a été prise à l'unanimité par les présidents des clubs employeurs lors de la réunion du 25 décembre 2013, et ce, dans le but de lutter contre l'endettement et d'éviter la faillite des clubs. Le HIC Si les clubs semblent avoir trouvé la «parade» pour ne pas s'endetter encore plus, les joueurs n'accepteront pas de rabaisser leurs salaires, d'autant plus qu'ils n'ont pas été associés au dialogue ayant réuni les instances du football algériennes et les présidents de club. L e gardien de but du MC El Eulma, Nassim Oussrir, ne cache pas son étonnement face à la décision de plafonnement des salaires : «Aujourd'hui, les joueurs n'ont ni assurance ni retraite. Même quand on tombe malade, on n'a pas droit aux remboursements des frais médicaux. La seule assurance dont bénéficient souvent les joueurs est celle qui permet aux clubs de retirer la licence du joueur. Beaucoup de clubs n'assurent pas leurs joueurs, et quelque part, la Ligue cautionne ça, car elle n'a rien fait pour forcer les clubs à se conformer à la loi. Après tout ce n'est pas aux joueurs de s'assurer, mais c'est plutôt aux clubs de le faire pour leurs employés, les joueurs. Normalement le cahier des charges, lors du lancement du professionnalisme, devait prendre en charge tous ces aspects et bien d'autres encore. Malheureusement aujourd'hui, les joueurs sont livrés à eux-mêmes. Dernièrement, le joueur Hadjadj du CRB s'est blessé, il a dû payer l'opération de sa poche. Et il n'est pas le seul dans ce cas.» Organisation Quatre ans après le lancement du professionnalisme, le football algérien n'a toujours pas un cadre organisé, entraînant tous les clubs dans la spirale de l'endettement. A défaut de contrôle rigoureux dans la gestion financière des clubs, les instances du football algériennes avaient avec les dirigeants des clubs de football décidé en décembre dernier de plafonner les salaires des joueurs, une manière, selon eux, pour mettre fin au surendettement. La démarche fait déjà polémique, surtout que les joueurs n'y ont pas été associés. Pour l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports et professeur de droit, Abdelhamid Berchiche, il est peut- être temps de limiter les salaires, car ne pas le faire serait «encourager la magouille et les dessous-de-table». Mais beaucoup n'y croient pas, surtout que les présidents de club vont payer sous la table pour arracher les meilleurs joueurs du championnat. Voisins Quelle est la situation des joueurs évoluant dans les championnats tunisien et marocain ? Noureddine Saâdi, qui a drivé CA Bizerte, dira : «En Tunisie, le joueur est un employé. Généralement, il prend pas plus de trois mois de salaire à la signature du contrat. Il y a ensuite une paye qu'il perçoit à temps. Le reste de la somme est sujette à cautionnement. Si à la fin de la saison, le joueur n'a pas fait d'écart de conduite, le reste de la somme lui sera versé. Tout est écrit noir sur blanc.» Au Maroc, les choses sont également organisées, comme nous l'indique Mustapha Biskri : «Les joueurs sont payés à temps, mais il faut pas croire que les joueurs gagnent de l'argent en masse. Il y a des joueurs dont le salaire ne dépasse pas l'équivalant de 120 millions de centimes algériens. Dans un club moyen, il y a ceux qui touchent l'équivalent de 40 millions de centimes algériens.» «Mais une chose est sûre : la masse salariale est moins conséquente que celle de notre championnat», précise-t-il. Dialogue Actuellement le meilleur joueur algérien touche entre 250 millions de centimes et 300 millions par mois. C'est pratiquement la même somme perçue par certains joueurs dans les championnats marocain et tunisien, et dont les salaires tournent autour de 300 000 euros par an. Mais cette situation ne devrait pas durer en Algérie. La commission de discipline de la LFP a annoncé la couleur hier en décidant de sanctionner les joueurs ayant provoqué l'arrêt des rencontres de la dernière journée du championnat de Ligue 1 à verser la somme variant entre 25 millions et 20 millions de centimes. Cette décision risque de jeter l'huile sur le feu, même si beaucoup affirment que les responsables du football, les présidents de club et joueurs devront se mettre autour d'une table pour se mettre sur la même longueur d'onde, dans le cas contraire, l'été risque d'être très chaud.