La représentation a été rehaussée par l'expression corporelle, la richesse ainsi que par la beauté des costumes puisés dans la fameuse tradition vestimentaire nippone. Si un pays a su admirablement faire une jonction entre tradition et modernité, c'est bien le Japon. Au pays du Soleil Levant, le traditionnel rime si bien avec le moderne. Cette caractéristique on la remarque non seulement à travers leurs gestes et coutumes pratiqués dans la vie quotidienne, mais encore dans leur façon de la répercuter dans leurs oeuvres artistiques. Les Nippons s'en servent comme un moyen pour booster leur imagination créatrice. Toutes ces expressions, on les retrouve aisément dans leurs danses. C'est en effet à travers cet art, et plus que tout autre art, que la culture japonaise se manifeste. Le public algérien a eu à découvrir ce fait culturel, avant- hier au théâtre national algérien, Mahieddine Bachtarzi, via la troupe de danse japonaise Kikunokai. En l'espace d'un peu plus d'une heure, les danseurs ont transporté le public algérois, mais aussi quelques représentants diplomatiques étrangers en Algérie, dans un spectacle haut en couleur. La troupe ayant ensorcelé le public algérien a été créée en 1972 par Machiyo Hata. Cette dernière a étudié la danse pendant de longues années auprès d'Onoé Kikunojo I qui était le premier grand maître de l'école de danse Onoé, laquelle école a été fondée par le grand acteur contemporain de Kabuki Onoé Kikugoro VI. Sur la base de la danse japonaise classique, les membres de Kikunokai ont étudié les arts populaires qui sont nés de l'histoire et de l'environnement culturel du Japon et ont crée de nombreuses oeuvres de danses telles que les oeuvres de danses folkloriques qui reflètent la nouvelle génération. Il faut voir de ses yeux pour se rendre compte de la qualité du travail présenté par cette troupe. Ainsi, à travers une série de petits tableaux, indépendants les uns des autres, les talentueux artistes qui constituent cette troupe, ont su donner aux histoires qu'ils racontent une dimension un peu particulière. Cette représentation, harmonieusement exécutée, a été rehaussée par l'expression corporelle, la richesse ainsi que la beauté des costumes puisés dans la fameuse tradition vestimentaire nippone. En ouverture de ce spectacle, le public a eu à apprécier un chant écrit par Jisuké Sakurada II qui est un hymne à la paix dans le monde et aussi un souhait pour une bonne récolte et une pêche abondante. Le programme a ensuite enchaîné par un extrait d'une des pièces les plus connues de la danse japonaise, une légende qui raconte les aventures du lion, suivi d'un petit spectacle intitulé La pêche aux femmes, qui rappelle, par la conception de l'histoire racontée, le côté féerique et spirituel de la culture japonaise. Cette histoire mérite quand même qu'on s'y attarde. «Le seigneur et son serviteur, tous deux célibataires, prient Ebisu Saburo, dieu de la fortune, pour trouver les bonnes épouses. Les deux hommes visitent un lieu dédié à ce dieu. Ils commencent à somnoler et reçoivent dans leur rêve un message qui leur dit d'aller au premier escalier de la porte de l'ouest. Lorsqu'ils y arrivent enfin, ils trouvent une canne à pêche. Le seigneur, pensant qu'elle a été posée là pour qu'ils puissent pêcher leurs femmes, laisse pendre la ligne». Et c'est ainsi que le seigneur a pu pêcher une femme d'une beauté angélique tandis que son serviteur n'a eu droit qu'à une «virago». La deuxième partie du programme a été consacrée aux différentes danses folkloriques qui représentent, par leurs rythmes et costumes, les différentes régions de ce pays. Les danses exécutées par des professionnels expriment des scènes de vie du peuple japonais, telles la chanson des pêcheurs ou celle de balles de riz. Le spectacle a permis au public algérien d'avoir un aperçu sur le répertoire de la danse traditionnelle japonaise à travers le travail de cette troupe qui tend à préserver la danse traditionnelle japonaise tout en lui apportant une touche de modernité.