L'APC de Béjaïa aura vécu hier l'une des sessions les plus affligeantes de son histoire. Le clou aura sans nul doute été ces déclarations du président de l'APC, affirmant, entre autres positionnements édifiants, ne point reconnaître le code communal, ni avoir besoin de l'exécutif et de l'assemblée lorsqu'il s'agit de prendre des décisions. De quoi faire bondir au plafond des membres de l'assemblée déjà entrés en contestation contre la gestion de Abdelhafidh Bouaoudia, le patron de Bougie-viande élu sur une liste FLN en novembre dernier. Celui-ci, humeur tanguant entre le sourire béat et le froncement de sourcils et visiblement plus imbu de sa puissance d'édile local que jamais, a eu même la « largesse » d'autoriser l'intervention du public venu assister à la plénière dans les débats, ou de le rejoindre pour des conciliabules, au mépris des règles du fonctionnement de l'institution. « Je donne la parole au peuple parce que c'est le peuple qui m'a élu », rétorquera-t-il, du haut de sa tribune dominée par son propre portrait, accroché en parfaite symétrie à côté de celui du président de la République. Un autre « détail » bizarre dans cette assemblée qui fera sans doute date dans les annales municipales et qui a déjà fait l'objet d'une vive controverse soumise au premier responsable de la wilaya. La réunion, déjà par deux fois ajournée pour cause de quorum non atteint, est la première après l'éclatement de la crise, larvée jusque-là, entre le président et pratiquement la moitié de la composante de l'assemblée (quatre élus FLN, quatre élus de la liste indépendante Tafath ainsi que trois élus indépendants de la liste Echemmaa). Elle intervient également au lendemain d'une entrevue du groupe contestataire avec le premier responsable de la wilaya sur la question. Bouaoudia Abdelhafidh a donc signifié, hier, sa volonté de continuer à gérer selon sa propre conception, puisque n'ayant pas besoin « d'exécutif ni d'assemblée ». Les quatre élus du RCD, les quatre élus du FFS et les trois autres représentants de la liste indépendante l'Âme de Béjaïa, pour leur part, restent sur leur soutien « pour le bien de la commune », soutiennent-t-ils. Hier, ils avaient sans doute de solides raisons de ne pas prendre les propos du P/APC au sérieux, étant donné ils ne se sont pas sentis froissés en tant que membres de l'assemblée. Les contestataires qui ont tous quitté l'assemblée, dans une déclaration rendue publique hier, ont qualifié de « dangereuse » la situation qui prévaut à la commune. L'on attire ainsi l'attention sur « la manipulation du public ». Aussi un appel est lancé à l'adresse des citoyens pour faire preuve de vigilance puisque, juge-t-on, ces manipulations sont de nature à conduire à des « affrontements ». Enfin, le groupe trouve « douteux » le silence des élus politiques (FFS et RCD), et dont « le seul objectif n'est que le pourrissement ».