La nouvelle ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghabrit, a réussi avec brio son baccalauréat. Cette fois-ci, l'épreuve s'est déroulée sans scandale, effaçant ainsi toutes les manipulations inaugurées par le passage de Ali Benmohamed à la tête du ministère et qui ont commis des dégâts irréversibles à notre système éducatif. Rappelant le grand Mostefa Lacheref, Mme Benghabrit, qui n'est pas née de la dernière pluie, a laissé apparaître une connaissance approfondie de l'éducation dès son installation. Elle a touché du doigt les mots qui abêtissent nos enfants et qui les empêchent d'arriver matures à la vie d'adulte. Elle dérange tous les intolérants, tous les fanatiques, tous les rétrogrades qui ne veulent pas que le peuple algérien accède à une modernité pleine et entière à la science, qu'il devienne citoyen du monde. Elle dérange parce qu'elle défend notre identité lorsqu'elle dit que «tamazight doit être obligatoire à l'école». Elle dérange lorsqu'elle dénonce une arabisation menée à la hussarde et au rabais, et qui ne forme pas l'Algérien à la rationalité, ce qui n'est pas pour plaire aux baâthistes partisans d'une culture importée et qui vise la destruction de la personnalité algérienne. Elle dérange parce que c'est une femme qui pense haut et fort dans un machisme ambiant et une mouvance islamiste dont l'ennemi premier est la femme qu'il faut brimer et enfermer. Comme ce chef de parti qui n'a pas trouvé mieux pour s'attaquer à une responsable politique que pour dire qu'elle n'est pas belle et qu'elle boit de l'alcool. Une attaque mesquine qui n'a pas été malheureusement dénoncée par nos politiciens. Mais le summum de la bassesse et de la lâcheté a été atteint par certains journaux et télévisions qui l'ont attaquée sur ses origines juives. Que ce soit vrai ou faux, on ne voit pas en quoi cela dérange. Son grand-père, recteur de la Mosquée de Paris durant la Seconde Guerre mondiale, a caché dans ce site religieux, et c'est tout à l'honneur des Algériens, des juifs pour qu'ils ne soient pas arrêtés par les nazis et envoyés dans les chambres à gaz. Des juifs ont participé à notre guerre de Libération nationale et parmi eux il y en a qui sont tombés, au champ d'honneur, les armes à la main. C'est cette dame courage que ciblent les partisans du wahhabisme et de l'obscurantisme. Ils veulent la complexer pour l'empêcher de travailler dans la sérénité et réussir dans sa mission. Il faut espérer que ceux qui l'ont proposée à ce poste noble et stratégique, déterminant pour l'avenir de l'Algérie, ne désarment pas et ne la laissent pas seule dans son combat. Elle mérite le respect de tous les Algériens dignes de ce nom.