McCarthy est ce sénateur américain du début des années 1950 qui s'était mis à faire la chasse aux progressistes des Etats-Unis, qu'ils soient dans le monde des arts, de la culture, du journalisme, de la science ou de la politique. Sa « chasse aux sorcières » avait terrorisé toute l'Amérique. Il avait fini par se suicider, mais il a fait des petits à travers le monde. L'Algérie n'a pas été épargnée par le phénomène. Dès l'indépendance, Ben Bella avait mis en prison ou exilé au Sahara toutes les grandes figures de la révolution. La chasse à l'adversaire politique était ouverte. Depuis, elle ne s'est pas arrêtée. A l'époque de Boumediène, par exemple, les jeunes qui avaient des cheveux longs étaient pourchassés par la police. Ensuite, ce fut « l'opération antidragueur », gare au couple qui se promenait dans les rues d'Alger, s'il n'avait pas un livret de famille avec lui. La culture de l'intolérance s'était installée. Elle sera exacerbée surtout par les baâthistes et surtout le FIS, lequel comme McCarthy s'était promis de purifier l'Algérie « des communistes, des laïcs, des démocrates, des francophones, des juifs et des chrétiens ». Si le parti de Abassi Madani a été effacé officiellement de la scène politique, son idéologie malheureusement fait des dégâts comme on vient de le constater durant le mois de Ramadhan. En effet, depuis quelques années, la chasse est faite aux non-jeûneurs par des services de sécurité zélés qui les présentent à la justice, laquelle, contre toute logique et en violation de la loi, prononce des condamnations. Durant cette période, on remarque l'apparition de super-musulmans qui s'érigent en moralisateurs de la société. On trouve même des journalistes délateurs, nourris à la mamelle du BRQ, qui font dans la dénonciation, faisant fi de toute éthique et de toute déontologie, s'ils savent ce que ça veut dire, bien entendu. Ils sont dans la logique des régimes totalitaires, ennemis de toutes les libertés, et qui payent des mercenaires de la plume pour mener des campagnes inquisitoriales. Des indicateurs, transformés en « enquêteurs » s'acharnent particulièrement sur la Kabylie, parce que le pays de Krim Belkacem refuse de plier le genou devant le régime oppresseur et qui, par conséquent, mérite d'être puni et montré à la vindicte des intolérants. Un comportement criminel que fait consciemment le jeu du wahhabisme et de l'islamisme qui a pourtant mis l'Algérie à feu et à sang. Un comportement destiné à déstabiliser et à diviser l'Algérie, une opération que même le colonialisme n'a pas réussie malgré ses efforts durant 130 ans. Ceux qui tirent les ficelles ne veulent pas voir l'Algérie en paix et comme l'a souligné le professeur Mohamed Hennad, dans une interview à El Watan en parlant de la LFC, « comme s'ils ne comptaient pas investir leur avenir et celui de leurs enfants dans ce pays ».