Nommé ministre de la Communication pour «professionnaliser le secteur de la presse», Hamid Grine a-t-il vraiment les moyens d'aller jusqu'au bout ? Chargé de mettre de l'ordre dans un domaine livré à l'anarchie, l'ancien journaliste sportif se limite, en tout cas pour l'instant, à faire des constats. C'est ce qu'il vient de faire lors de cette récente visite à Tizi Ouzou. Interrogé sur la distribution de la publicité publique et les dettes que détiennent les imprimeries publiques sur les journaux financés par la publicité étatique, Hamid Grine a fait des déclarations déroutantes. «Il faut (…) se poser la question : pourquoi certains journaux avec des rentrées publicitaires de 30 millions de dinars, des charges de fonctionnement de 7 millions de dinars, soit 23 millions de dinars de bénéfices, sont-ils incapables de payer les imprimeries de l'Etat ?» déclare le ministre. Et après ? Le ministre n'annonce aucune action concrète mais il se limite à faire le constat que font beaucoup d'Algériens, mais surtout les journalistes qui comptent pratiquement chaque matin le nombre de pages de publicité que donne l'Agence nationale d'édition et de publicité (ANEP) mais qui découvrent, juste après, que la même entreprise ne règle pas les factures d'une l'imprimerie qui s'acquitte, chaque année, de la faramineuse somme de 160 millions d'euros (de l'argent public) pour importer du papier. A entendre parler Hamid Grine, on oublierait qu'il est le ministre du secteur, celui qui doit commencer à mettre de «l'ordre». N'a-t-il pas promis, le 21 mai dernier, lors d'un passage à la radio, de «professionnaliser» le métier ? Il avait annoncé, à la même occasion, de redéfinir les critères d'attribution de la publicité publique. «La répartition de la publicité prendra en compte la capacité de tirage des journaux, leur rayonnement et leur impact», avait-il dit. Qu'en est-il trois semaines après ces déclarations ? Il fait exactement le même constat. «Sur 160 titres, combien sont valables ?», s'est-il interrogé avant de répondre : «20, au maximum.» Le constat est donc là. Mais les solutions que préconise Hamid Grine ne sont pas forcément judicieuses. Car, face au mal qui ronge le secteur, la réponse du ministre tarde à se faire connaître. «Jusqu'à présent, je n'ai pas touché au plan médias de l'ANEP. Mais on ne peut pas continuer comme ça», affirme-t-il, donnant l'impression de ne pas pouvoir faire bouger des lignes que d'autres que lui ont tracées. Fait notable, dans ce capharnaüm médiatique, Hamid Grine ajoutera son nom à ceux qui ont marqué le paysage médiatique par la fermeture de journaux. Quelques jours après sa prise de fonction, un journal, El Fadjr, a cessé de paraître pour ne pas avoir payé ses dettes. Pourtant, le journal que gère Hadda Hazem serait loin d'être un cas isolé. Des dizaines de journaux, chichement arrosés par la publicité publique, ne paieraient pas l'imprimerie. Mais lorsque la question est posée, le ministre répond toujours comme ses prédécesseurs : «C'est une relation purement commerciale.»