Des personnes sans scrupules profitent de la misère de certains, et agissent au mépris de la loi, au vu et au su des autorités. Plus l'Etat construit des logements sociaux, plus la demande s'accroît et persiste. Qu'on en juge. Les grandes communes de la wilaya que sont Aïn M'Lila, Aïn Beida, Oum El Bouaghi et à un degré moindre Aïn Fakroun, Meskiana et Sigus, enregistrent des milliers de postulants au logement social. Lors de chaque attribution, des voix s'élèvent pour contester les listes des bénéficiaires. Pas plus tard que la fin de la semaine dernière, des citoyens de la ville d'Oum El Bouaghi, se sentant écartés de la liste des bénéficiaires, ont observé une grève de la faim et ont même menacé de se suicider. Des attributaires de logements de type LSP accusent les promoteurs, dont les chantiers sont en souffrance depuis des années. C'est le cas des citoyens d'Aïn Beida qui attendent impatiemment la livraison de plusieurs centaines de logements. Ils ont interpellé à maintes reprises les pouvoirs publics pour que cesse leur calvaire. Contrairement aux formules LSP ou LPA, celle relative au social locatif enregistre des progrès. Il n'en demeure pas moins que la situation reste tendue au regard du nombre des demandeurs. Paradoxalement, le citoyen lambda ne comprend pas pourquoi des logements sociaux sont mis à la vente un peu partout des les nouvelles cités. Un tour dans les rues des villes de la wilaya nous édifie sur ce négoce pas du tout légal. Sur les vitrines des magasins, des écriteaux proposent à la vente des logements. Notre regard s'est attardé sur l'un d'eux. «A vendre logement situé route de Meskiana». Il s'agit d'un logement attribué dans le cadre de l'éradication de l'habitat précaire qui a eu lieu à Aïn Beida, il y a environ une année. La question que tout un chacun se pose est : «Est-ce légal de vendre un logement appartenant à l'Etat?». Pour en avoir plus d'informations nous avons contacté un citoyen, qui n'a pas trouvé mieux que d'acquérir un logement social auprès d'un habitant de la ville. Grande a été sa déception quand il s'est vu ester en justice quelques années plus tard par ce même habitant. Le logement qu'il a acquis est revenu de plein droit au premier attributaire sur décision de justice. «Je reconnais que j'ai fait une erreur en achetant ce logement, mais que voulez-vous, j'étais dans le besoin», dira-t-il. Combien d'autres personnes ont comme lui acquis un logement que la justice a restitué au premier bénéficiaire? «Tant que la crise persistera, beaucoup profiteront de la situation pour s'enrichir sans coup férir en vendant un logement appartenant à l'Etat», nous signale un habitant de Ain Beida. Un autre nous dira : «Plusieurs logements attribués dans le cadre de l'éradication des bidonvilles sont soit sous loués, soit cédés à d'autres familles. Ceci sans parler des logements qui demeurent fermés».