L'accord de paix entre le représentant du gouvernement du Mali, le général Kafounouga Koné, ministre de l'Administration territoriale et des Collectivités locales, et des rebelles touareg, représentés par Ahmed Ag Bibe de l'Alliance démocratique du 23 mai 2006 pour le changement, a été signé hier à Alger en présence du ministre des Affaires étrangères algérien, Mohamed Bedjaoui, et de l'ambassadeur d'Algérie au Mali, Abdelkrim Gheraïb, en sa qualité de facilitateur des négociations. Le président malien, Amadou Toumani Touré, avait sollicité la médiation algérienne début juin dernier. Une médiation « personnellement » suivie par le président Abdelaziz Bouteflika, selon M. Bedjaoui, qui a souligné dans son allocution que le chef d'Etat algérien, dont le nom de guerre durant la Révolution était « Abdelkader El Mali, ou le Malien », a « accordé une attention particulière aux attributs cruciaux que constituent l'union sacrée du peuple malien et l'intégrité territoriale inviolable de la République sœur du Mali ». Une allusion aux déclarations libyennes autour d'un « grand Etat du Sahara ». Pour rappel, des ex-rebelles touareg, menés par plusieurs officiers intégrés à l'armée malienne après une première rébellion dans les années 1990, avaient déserté ces derniers mois et attaqué le 23 mai deux camps militaires de Kidal (Nord) et un troisième à Menaka (Est), avant de se retirer dans des collines de Kidal. Ces attaques avaient fait six morts, selon un bilan officiel. « Le Mali est notre pays à tous et a besoin de tous ses fils pour un Mali consensuel, stable et prospère, un Mali qui respecte les idéaux de dialogue et de tolérance », a déclaré hier le général Kafounouga lors de la cérémonie de signature du document dit « Accord d'Alger pour la restauration de la paix, de la sécurité et du développement de la région de Kidal » à la résidence d'Etat Djenane El Mithaq, sur les hauteurs d'Alger. Pour le représentant des rebelles, Ahmed Ag Bibe, « les événements du 23 mai, c'était pour éviter le pire, et aujourd'hui, le Mali est sauvé, grâce à l'Algérie ». En marge de la collation donnée à l'occasion de la signature de l'accord, le représentant des rebelles a indiqué qu'il n'y avait encore aucun délai pour l'application des accords entre son mouvement et Bamako. « Des commissions d'application seront installées et il y aura une campagne d'explication », a-t-il dit. Le site web des rebelles touareg, Azawad-Union, a publié on-line le document de l'accord. Il s'agit d'abord de la création d'un conseil régional provisoire de coordination et de suivi, désigné pour un an, par arrêté du ministre de l'Administration territoriale et des Collectivités locales et dont les prérogatives seront assurées par l'assemblée régionale. Un autre point concerne l'organisation d'un forum à Kidal sur le développement en vue de la création d'un fonds spécial d'investissement pour mettre en œuvre un programme de développement économique, social et culturel. Ce programme couvrira les activités telles que l'élevage, l'hydraulique, le transport, la communication, la santé, l'éducation, la culture, l'artisanat et l'exploitation des ressources naturelles. Un autre article de ce document s'articule autour de l'accélération du processus de transfert des compétences aux collectivités locales. L'accord prévoit également la « définition et la coordination des échanges entre régions des pays voisins dans le cadre transfrontalier conformément aux accords bilatéraux signés avec ces pays ». L'accord stipule également la création, en dehors des zones urbaines de Kidal, d'unités spéciales de sécurité, rattachées au commandement de la zone militaire et composées essentiellement d'éléments issus des régions nomades, dans les proportions assurant l'exécution efficace des missions de ces unités. Une des mesures prioritaires sur laquelle se sont accordées les deux parties concerne la libération de toutes les personnes détenues à la suite des événements du 23 mai dernier.