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Publié dans El Watan le 26 - 06 - 2014

Un ami tunisien, Mohamed Chélouf, nous a retrouvés la semaine dernière à l'îlot, notre refuge, pour saisir quelques images et enregistrer quelques mots autour de l'inoubliable Tahar Chéria, fondateur des Journées cinématographiques de Carthage (JCC). Des souvenirs nombreux nous sont vite revenus, tant Tahar nous avait-il impressionnés dès notre première rencontre, en 1972, à Tunis alors qu'il avait la charge des JCC comme secrétaire général, fonction qu'il assumait comme un maître.
Pour nous, Tahar était l'image du Chaoui type, la charpente bien solide, les cheveux denses et drus, la voix forte et puissante, intègre et vigoureux, intelligent, bien sûr, et cultivé et c'est pourquoi nous aimions l'appeler Tahar Chélia. Il est arrivé au cinéma par le biais des ciné-clubs dès l'indépendance de son pays, lui qui était un enfant de l'Education. En donnant naissance et surtout de l'importance aux JCC très vite et en développant de plus en plus le réseau des ciné-clubs, il a fait peur aux dirigeants d'un régime politique autoritaire et répressif qui menèrent contre lui une campagne calomnieuse et insultante et qui l'emprisonnèrent même ; ce qui le poussa par la suite à quitter son pays pour de très longues années.
Pendant son exil forcé, il continua son travail de pionnier et participa ainsi à l'émergence des cinématographies de nombreux pays africains à la création des Festivals de Ouagadougou et de Mogadiscio et surtout signa de nombreux livres bien utiles et indispensables à la connaissance de l'histoire de nos cinémas. Lorsqu'à l'occasion de l'un de ses passages à Alger, sur invitation de la cinémathèque, nous l'avons à la fois fait rire et pleurer en lui racontant l'histoire que voici : Tu sais, Tahar, nous avons aussi compris la nature du régime tunisien lorsqu'en 1977 Hamadi Essid, alors directeur général de la SATPEC, société étatique de cinéma tunisien, nous avait demandé de participer à la création d'une Cinémathèque à Tunis, nous avons fait le travail très vite et sélectionné 90 films marquants retraçant l'histoire du cinéma universel, que nous avons envoyés à Tunis en fret avec toute la littérature nécessaire (programmes, synopsis, critiques, etc.).
Nous avons même reçu, à Alger, deux opérateurs-projectionnistes pour un stage de perfectionnement d'un mois et, plus encore, nous avons fixé la date de l'inauguration. Malheureusement, quelques semaines plus tard, les choses commençaient à se compliquer et elles se compliquaient de plus en plus avec le temps. Il fallait tout d'abord convaincre les douaniers tunisiens que les films envoyés n'avaient aucune valeur commerciale, qu'ils étaient tombés dans le domaine public pour la majorité d'entre eux et, pour les autres, qu'ils étaient propriété de la Cinémathèque algérienne et, enfin, qu'ils n'étaient expédiés à Tunis que pour un simple aller-retour et qu'ils n'étaient mis à la disposition de la future Cinémathèque tunisienne que pour une durée de trois mois maximum.
Rien n'y fit, et les douaniers tunisiens redoublèrent de férocité et multiplièrent les tracasseries, allant même jusqu'à exiger de nous toutes les autorisations possibles et inimaginables : celle de l'Etat, celle des producteurs, celle des ayants droit et même celle des auteurs, écrites et signées de leur main alors qu'ils étaient pour la plupart décédés. Nous avons compris notre douleur et rapatrié nos films, lorsqu'en plus ces douaniers nous ont exigé le visa de la censure tunisienne et c'était le bouquet, car les films ne pouvaient pas quitter l'enceinte de l'aéroport ! Nous comprenons fort bien aujourd'hui combien Godard avait raison de dire : «Ce ne sont pas les frontières qui sont dangereuses mais les douaniers».
Nous avons dit aussi à Tahar combien nous étions satisfaits et fiers d'un texte de droit algérien, l'ordonnance de 1967, qui régissait l'art cinématographique, en précisant dans l'un de ses articles majeurs que la Cinémathèque algérienne était dispensée de toute censure, qu'elle avait droit au dépôt légal et que tous les producteurs et distributeurs étaient tenus de déposer une copie avant toute censure et toute projection publique auprès de ses archives, et qu'enfin elle était exonérée de tous droits et taxes. Ce texte nous permettait d'établir nos programmes en toute liberté.
Si, aujourd'hui, Tahar était là, nous lui dirions toute notre déception et aussi toute notre tristesse en apprenant qu'en ces temps présents et pénibles, un film ne peut être programmé à la Cinémathèque sans visa d'exploitation, ce qui correspond, en réalité, à un visa de censure. Quelle régression ! Pour terminer, nous aurions aimé équilibrer notre récit en disant aussi à Tahar qu'il n'y avait pas que la Tunisie qui détenait le monopole des actes anti-démocratiques et liberticides, puisque chez nous il n'y a pas si longtemps, l'ex-ministre de la Culture,
Khalida Toumi, s'est écriée dans une grande fanfaronnade en direct à la télévision et en brandissant un simple livre : «Oui, je suis fière et bien fière de censurer ce livre.» Nous nous demandons encore aujourd'hui, avec effroi, comment de telles inepties, de tels propos rétrogrades peuvent être jetés à la face de tous ? Le comique est que ce livre a pour titre Le journal d'un homme libre ! Tahar, qui nous a quittés depuis deux ans déjà, serait bien sûr d'accord avec nous, lorsque nous affirmons avec force que le cinéma gagnera car il apprend aux jeunes à être libres, donc citoyens !


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