Un millier de revendeurs squattent la place des Trois Horloges et les rues adjacentes. La population, exaspérée par l'«inaction» de l'Assemblée communale et de la DGSN, craint que des citoyens décident d'en découdre avec les squatters. Avec le mois de Ramadhan, l'informel revient de plus belle. Bab El Oued est l'un des quartiers de la capitale qui en souffre le plus. Des jeunes squattent des rues, obstruant le passage vers les immeubles et les commerces. L'impunité, dont bénéficieraient les revendeurs, a exaspéré les habitants de la commune, qui l'ont fait bruyamment savoir. Des rassemblements ont été organisés et des pétitions, dont El Watan détient des copies, ont été signées et adressées aux autorités locales et à la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), dont l'une des structures, la sûreté de daïra, se trouve à quelques mètres du «point de chute» privilégié des jeunes. «Les policiers censés lutter contre l'informel et ouvrir les espaces publics, comme les y oblige le code pénal (article 408), laissent étrangement faire. Ces derniers, dont les responsables rencontrés par des citoyens ont promis de sévir, favorisent par leur inaction ce genre de commerce. C'est l'autorité de l'Etat qui en prend un sacré coup», s'indigne un représentant du comité des quartiers de la commune de Bab El Oued où aucune opération d'envergure n'a été lancée pour déloger les revendeurs. Spécificité des commerçants dans le quartier populaire : le négoce dure jusque tard dans la soirée. «Les revendeurs, qui sont presque tous des étrangers au quartier, écoulent leurs gadgets jusqu'à minuit passé. Durant les soirées de Ramadhan, la situation risque d'empirer. Les gens ont les nerfs à vif. Une réaction violente de leur part n'est pas à écarter», met en garde un sexagénaire, qui voit la devanture de son commerce «complètement obstruée par les revendeurs, souvent des jeunes drogués, venus des quartiers limitrophes». Les conséquences de cette situation sont importantes : désagréments, agressions, injures, insalubrité, trafic de drogue, manque à gagner pour les commerçants légaux, etc. Le président de l'APC, approché par la population, ne pouvant prendre des mesures, se serait dérobé, s'indigne-t-on. Une seule rengaine revient chez l'élu et ses collègues de l'Assemblée : c'est aux policiers de prendre en charge ce fléau. «Le président de l'APC a promis une prise en charge de l'informel dans son programme électoral. Mais comme il fallait s'y attendre, une fois aux commandes, ce jeune maire a oublié ses engagements, ne voulant pas ouvrir un front, dont les conséquences seraient graves, avec les jeunes de l'informel», s'indigne un représentant de la population. Le président de l'APC, Sahbane Athmane, avec qui nous nous sommes entretenus dans une précédente entrevue (El Watan, 26 octobre 2013), a indiqué : «Nous avons recensé 600 revendeurs aux Trois Horloges. Une partie a été dégagée par la police (…). On a trouvé un endroit pour installer ces revendeurs. Le site est situé au niveau des locaux de l'ancienne entreprise Districh, à proximité du parc automobile. C'est un ancien hangar abandonné de trois étages. On attend la réponse de la wilaya à notre proposition, sur laquelle l'équipe municipale a délibéré. Notons par ailleurs que le marché Saïd Touati est abandonné. Il est devenu un parking du CPVA transformé en boutiques et box. L'ancien wali Nourani l'a confié aux EPIC. Les 450 locaux sont toujours fermés depuis 2003. On a su qu'ils seraient pris en charge par Batimetal. Il doit y avoir une étude pour son confortement avant sa probable ouverture.» Depuis cette entrevue, rien n'a vraiment changé, tout a empiré.